Maroc : des journalistes, dont Omar Radi et Soulaimane Raissouni, et des militants grâciés

Emprisonnés ou poursuivis par la justice depuis des années au Maroc, trois journalistes et un intellectuel, dont des ONG ne cessaient de réclamer la libération, ont été graciés lundi 29 juillet 2024 par le roi Mohammed VI.
© DR | Le journaliste marocain, Omar Radi, à sa sortie de prison ce lundi 29 juillet 2024

Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, arrêtés en 2020 pour les deux premiers et en 2018 pour le troisième, ont été graciés, a indiqué à l’AFP un responsable marocain, sous le couvert de l’anonymat.

Maâti Monjib, historien et défenseur des droits humains franco-marocain, est également concerné par la grâce royale, qui intervient à l’occasion de la fête du trône célébrée mardi, marquant l’intronisation de Mohammed VI il y a 25 ans. Au total, 2476 personnes ont été graciées, a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué.

En juillet 2023, la Cour de cassation du Maroc, la plus haute instance judiciaire du royaume, a rejeté le pourvoi de messieurs Radi (38 ans) et Raissouni (52 ans), confirmant leurs condamnations à respectivement six et cinq ans de prison ferme dans des affaires d’agressions sexuelles (et d’espionnage pour le premier).

Le pourvoi de Taoufik Bouachrine, 55 ans, fondateur et éditorialiste d’un quotidien arabophone, a été rejeté en 2021. Incarcéré depuis 2018, il a écopé de quinze ans de prison pour « viol », « traite d’êtres humains » et « agressions sexuelles » à l’encontre de plusieurs femmes.

Les trois journalistes, dont l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a appelé l’an dernier à leur grâce à l’occasion de la fête du trône, ont nié en bloc les charges et affirmé avoir été punis à cause de leurs opinions.

Historien et défenseur des droits humains, Maâti Monjib, 62 ans, a été condamné en première instance début 2021 à un an de prison ferme pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État » au terme d’un procès ouvert en 2015.

Cet intellectuel est aussi sous le coup d’une instruction judiciaire depuis 2019 pour « blanchiment de capitaux », ce qui lui a valu trois mois de détention préventive avant qu’une mesure de liberté provisoire ne lui soit accordée en mars 2021, au terme de vingt jours de grève de la faim. Il est accusé de malversations dans la gestion d’un centre qu’il avait créé pour promouvoir notamment le journalisme d’investigation. Des accusations qu’il rejette.

L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a appelé à de nombreuses reprises ces dernières années à la libération des quatre hommes.

Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF, le Maroc figure à la 129e place, sur 180.

La grâce royale annoncée lundi concerne également seize « détenus condamnés dans des affaires d’extrémisme et de terrorisme » ayant « révisé leurs orientations idéologiques », a rapporté le ministère marocain de la Justice, sans les identifier.

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