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Massacre du 17 octobre 1961 : l’Assemblée française condamne une « répression sanglante » et réclame une journée de commémoration

L'Assemblée française a adopté jeudi 28 mars 2024 une résolution condamnant la « répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 ». Elle demande également au gouvernement « l’inscription d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à l’agenda des journées nationales et cérémonies officielles ».
© DR | Plusieurs algériens ont été jetés vivants dans la Seine, à Paris, le 17 octobre 1961

L’Assemblée française a adopté aujourd’hui une proposition de résolution qui « condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 » à Paris, faisant une trentaine de victimes selon la police française de l’époque et plus de 400, selon les estimations de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN).

Il a également été demandé au gouvernement « l’inscription d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à l’agenda des journées nationales et cérémonies officielles ».

Il a été rappelé, dans le texte de ce projet de résolution que « le 17 octobre 1961, des familles algériennes manifestèrent pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire imposé par la Préfecture de Paris aux seuls –français musulmans d’Algérie –» et que ces manifestants « ont été victimes sous l’autorité directe du préfet Maurice Papon, d’une répression violente et meurtrière entraînant de nombreuses morts et blessés ».

Ainsi, « considérant que la poursuite de la réflexion conjointe sur ces événements devra contribuer à assurer un avenir en commun plus harmonieux pour le peuple algérien et le peuple français », l’Assemblée « condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 et rend hommage à toutes les victimes et leurs familles » et « souhaite l’inscription d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à l’agenda des journées nationales et cérémonies officielles ».

Par ailleurs, l’institution française « affirme son soutien à l’approfondissement des liens mémoriels unissant le peuple Français et le peuple Algérien » et « invite le Gouvernement à travailler en commun avec les autorités algériennes pour appréhender leur histoire commune, y compris celle des événements du 17 octobre 1961 ».

Papon condamné mais pas pour le massacre d’algériens 

C’est la députée écologiste des Hauts-de-Seine Sabrina Sebaihi est à l’origine du texte, mais, précise l’agence AFP, « son écriture a fait l’objet de fréquents échanges avec l’Elysée ».

En mentionnant que les manifestants « ont été victimes sous l’autorité directe du préfet Maurice Papon, d’une répression violente et meurtrière entraînant de nombreuses morts et blessés », le législateur français semble vouloir toujours « limiter » la responsabilité de ces événements à Maurice Papon, décédé en 2007.

Celui-ci, faut-il le rappeler, a été condamné en 1998 à une peine de 10 ans de prison pour « complicité de crimes contre l’humanité » dans l’affaire de la déportation des juifs de la région bordelaise entre 1942 et 1944 vers les camps d’extermination d’Auschwitz, mais il n’a jamais été inquiété par rapport au massacre des algériens à Paris en ce 17 octobre 1961, certains ayant été exécutés par balles, alors que d’autres ont été jetés vivants dans la Seine, selon des historiens et des témoignages des survivants, alors qu’ils n’ont fait que manifester pacifiquement.

A noter que l’actuel Président français, Emmanuel Macron avait déclaré en octobre 2021 que « les crimes commis le 17 octobre 1961 sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ».

Ceci alors que du côté algérien, et même chez certains historiens français, tel que Olivier Le Cour Grandmaison, il est question de « crime d’État ».

A rappeler, en dernier lieu, que dans la « déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé », signée par le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français, Macron, à l’occasion de la visite qu’a effectué ce dernier en Algérie en août 2022, il a été convenu de mettre en place une commission mixte d’historiens algériens et français chargée de travailler sur les questions liées à la mémoire. La commission a déjà tenu plusieurs réunions. Mais certains dossiers semblent avancer très lentement ou pas du tout à cause notamment de résistance au sein de l’establishment français de la part de ceux qui s’en tiennent toujours au discours narratif colonialiste.

 

Texte de la résolution adoptée par l’Assemblée française
AD-300-X-250