Reporters sans frontières (RSF) a dévoilé, ce dimanche 29 octobre 2023, « une reconstitution vidéo de la tragédie qui a entraîné la mort d’un journaliste (Issam Abdallah, NDLR) et blessé plusieurs autres » le 13 octobre dernier, à la frontière entre Israël et le Liban.
« Deux frappes d’intensités différentes, espacées d’une trentaine de secondes, ont touché le lieu exact où se trouvaient sept journalistes. Ils s’étaient installés dans cette zone pour couvrir les échanges de tirs entre les forces du Hezbollah et l’armée israélienne. La première frappe a tué le photojournaliste de l’agence Reuters Issam Abdallah et grièvement blessé la correspondante de l’Agence France-Presse (AFP), Christina Assi, tandis que la seconde a fait exploser le véhicule d’Al Jazeera à proximité immédiate, blessant plusieurs de ses confrères », indique RSF, qui précise que « l’armée israélienne a aussitôt déclaré être désolée et qu’elle était en train de faire des vérifications ».
Ainsi, en reconstituant les faits, l’ONG affirme que son enquête conclut que « selon l’analyse balistique diligentée par RSF, la zone de provenance des tirs se situe à l’est de l’endroit où le groupe de journalistes et leurs véhicules ont été pris pour cible, où se trouve la frontière avec Israël » et que « l’existence de deux frappes au même endroit dans un espace de temps aussi réduit (un peu plus de 30 secondes), provenant de la même direction, indique clairement un ciblage précis ».
Pour RSF, « il est invraisemblable que les journalistes aient été confondus avec des combattants, d’autant qu’ils n’avaient pas un comportement de dissimulation : afin d’obtenir un champ de vision dégagé, ils étaient à découvert depuis plus d’une heure, sur la hauteur d’une colline ». « Ils portaient des casques et des gilets pare-balles siglés press » et « leur voiture était aussi identifiée press grâce à un marquage sur le toit », ajoute la même source.
RSF s’est appuyé également sur les témoignages de journalistes présents. « Vers 16h45, l’une des journalistes d’Al Jazeera, interviewée dans la vidéo, a aperçu un hélicoptère israélien qui survolait la zone et a pu repérer les journalistes. Les reporters ont donc été identifiés dans la zone par une partie des forces en présence, avant le bombardement », a indiqué l’ONG, qui ajoute : « Un hélicoptère israélien de type Apache a survolé la scène quelques secondes avant la tragédie, selon Edmond Sassine, le journaliste de la chaîne de télévision libanaise LBCI, posté à une centaine de mètres de ses confrères de Reuters, d’Al Jazeera et de l’AFP ».
En dernier lieu, Reporters sans frontières rappelle que « cinq jours auparavant, le 9 octobre, les journalistes d’Al Jazeera avaient subi une attaque similaire dans le village de Dhayra au sud du Liban : selon leurs témoignages, un hélicoptère les a survolés avant qu’un missile ne tombe à côté de leur voiture – du même modèle, que celle du bombardement du 13 octobre – arborant également le mot presse ».
A noter que 34 journalistes au total ont été tués à Ghaza depuis le début des bombardements israéliens, selon le ministère palestinien de la santé. Par ailleurs, le 25 octobre dernier, des membres de la famille du correspondant d’Al Jazeera, Wael al-Dahduh, dont sa femme et ses deux enfants, sont morts dans un bombardement de l’armée israélienne qui avait ciblé la maison où ils se trouvaient. Le journaliste de l’agence Reuters Issam Abdallah a été tué au Liban Sud.