Niger : L’Algérie propose une initiative pour le règlement politique de la crise 

L’Algérie a proposé une initiative pour le règlement politique de la crise au Niger. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a donné, aujourd’hui, un aperçu des modalités de cette initiative qui vise à un retour à l’ordre constitutionnel dans ce pays dans six mois au maximum.  
© INTERLIGNES| Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, lors de la conférence de presse animée au CIC, le 29 août 2023, pour l'annonce de l'initiative algérienne pour le règlement de la crise au Niger

L’Algérie a lancé une initiative pour un retour à l’ordre constitutionnel au Niger dans une période de six mois au maximum. «Le Président de la République a décidé de présenter une initiative de solution politique à la crise au Niger, dans le cadre d’une vision qui garantit le respect du principe de l’illégalité des changements anticonstitutionnels, d’une part, et réussit à faire réunir tout le monde autour de l’option pacifique, loin de toute intervention militaire, d’autre part », a déclaré, à cet effet, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf.

Une initiative, a-t-il précisé, née à la lumière des dernières consultations menées, au Niger, par le secrétaire général du MAE, Lounes Magramane, et dans trois pays de la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), en l’occurrence le Nigeria, Ghana et Bénin, par le ministre lui-même.

L’initiative, a précisé, dans le même sens, Attaf, s’articule autour de trois axes. Il est question, à cet effet, de « renforcer le principe de l’illégitimité des changements anticonstitutionnels », « fixer un délai de six mois pour cristalliser et arriver à une solution politique garantissant le retour à l’ordre constitutionnel et démocratique au Niger à travers la reprise de l’action politique dans le cadre de l’État de droit », « les arrangements politiques de sortie de crise », « les garanties » et « une approche participative », qui va dans trois sens, en interne, qui va en direction de toutes les parties concernées au Niger, sur le plan régional, notamment avec la Cédéao, et à l’international, avec tous les pays qui veulent soutenir une solution politique. Le sixième axe de cette incitative est relatif au développement de la région du Sahel, à travers l’organisation par l’Algérie d’une conférence internationale qui favorise l’approche de développement et de la mobilisation des fonds nécessaires pour la réalisation de programmes de développements dans cette région.

Si l’Algérie s’emploie à contribuer à l’émergence d’une solution politique c’est parce que les risques sur la région sont grands dans le cas d’une intervention militaire.

Le ministre des Affaires étrangères a encore une fois donné quelques exemples, comme la Libye, la Syrie ou la Somalie.

« L’Algérie a mis en garde ses frères de la région et ses partenaires à travers le monde contre les conséquences d’une logique qui favoriserait l’usage de la force sur la solution politique, et contre le risque de nourrir les graines d’un conflit communautaire qui se profile à l’horizon et pousser des légions de Nigérians sur la voie du déplacement et de la migration, et du danger de l’apparition d’un nouveau foyer de conflit dans la région, qui pourrait constituer un terreau supplémentaire pour le terrorisme et le crime organisé sous toutes ses formes », a déclaré dans ce sens Ahmed Attaf.

Celui-ci a d’ailleurs tenu à relever le fait que les politiques, française et algérienne, dans la région sont « différentes ». Néanmoins, il a annoncé « des rendez-vous avec des hauts cadres du quai d’Orsay à compter de 10 jours afin de discuter de la situation au Niger », tout en rappelant, encore une fois que l’Algérie a « mis en garde contre les solutions militaire » et « privilégie les solutions politiques ».

Et c’est dans la l’esprit de ce choix pour la solution politique, a-t-il précisé, que l’Algérie refusera d’ouvrir sans espace aérien pour des opérations militaires au Niger, a affirmé Attaf, sans toutefois confirmer ou infirmer que la France ait formulé une demande de survol de l’espace aérien algérien.

Le ministre des Affaires étrangères a tenu à rappeler la position de l’Algérie, exprimée dès le départ par le président de la République, a-t-il dit, par rapport à ce coup d’État au Niger, survenu le 26 juillet dernier.

Ainsi, l’Algérie « rejette le changement non constitutionnel au Niger », « réclame le retour à l’ordre constitutionnel », « réaffirme que le président Mohamed Bazoum reste le Président légitime du Niger, et appelle à ce qu’il soit rétabli dans ses fonctions », comme elle insiste sur « la nécessité de faire prévaloir la solution politique et écarter l’option de l’usage de la force » et se dit « prête à contribuer aux efforts visant à l’émergence d’une solution politique ».

Ce qu’a dit Attaf à propos du dernier sommet des « BRICS »

Le chef de la diplomatie algérienne s’est exprimé, par ailleurs, sur le rejet de la demande de l’Algérie de rejoindre le bloc des BRICS, lors du sommet de Johannesburg, qui s’est tenu du 22 au 24 août dernier.

Celui-ci a commencé par affirmer que les « fondamentaux » c’est que les pays constituant les BRICS « sont des pays amis, pour ne pas dire alliés de l’Algérie, et depuis longtemps ».

« Avant les BRICS, on travaillait conjointement avec ces pays pour ce qui est des questions importantes de politiques étrangères qui sont la polarité dans les relations internationales, la sécurité mondiale et la relance du multilatéralisme », a-t-il rappelé, en précisant que ces « causes » sont « au cœur de la politique étrangère algérienne depuis l’indépendance ». L’objectif de l’Algérie étant, poursuit-il, d’ « ajouter » un « cadre supplémentaire » pour « défendre ces principes » à ceux déjà existants que sont le « Conseil de sécurité, le mouvement des non-alignés et le groupe des 77 ». « On continuera à défendre ces principes avec ces alliés dans d’autres cadres (autre que le bloc des BRICS NDLR) », a-t-il ajouté, sans mentionner si l’Algérie va reformuler sa demande lors du prochain sommet ou non. « IL ne faut prendre le rejet de la demande algérienne de rejoindre le BRICS comme une défaite dans un match de football », a-t-il lancé à cet effet.

Pour rappel, lors du sommet de Johannesburg, le bloc des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), a « invité » six pays à le rejoindre. Il s’agit de l’Argentine, l’Égypte, les Emirats arabes Unis, l’Arabie Saoudite, l’Éthiopie et l’Iran.

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