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Nouvel appel au dialogue de Bensalah : « l’Etat ne sera pas partie prenante » (Discours intégral)

Chères concitoyennes, chers concitoyens, Il me plaît de m’adresser à vous, de nouveau, pour partager avec vous, notre évaluation de la situation que vit notre pays et de soumettre à votre appréciation, notre vision des perspectives de son évolution. Voilà plusieurs mois que notre valeureux peuple a pris sur lui de forcer la marche de l’Histoire et de revendiquer haut et fort, mais de façon pacifique, un changement du mode de gouvernance et l’avènement d’une nouvelle ère fondée sur le respect des principes démocratiques, de l’Etat de Droit et de la Justice sociale. Cette aspiration légitime au changement a été pleinement entendue et se trouve désormais au coeur des préoccupations des pouvoirs publics et en tête des préoccupations de l’Etat.
L’oeuvre d’assainissement de l’Etat et de renouvellement de son encadrement est accompagnée d’une vigoureuse lutte contre le fléau de la corruption et de la dilapidation des deniers publics, menée par une Justice qui exerce désormais et avec rigueur la plénitude de ses missions et de ses attributions. Et je peux vous assurer à cette occasion que l’Etat, qui demeure à l’écoute des revendications et des aspirations profondes de notre peuple, est vraiment décidé à mener cette lutte sans relâche conformément aux lois de la République, dans le respect du principe de présomption d’innocence et en veillant à ce que toutes les dispositions soient prises afin que les travailleurs et l’économie nationale ne soient pas pénalisés par les décisions concernant les patrons des entreprises concernées.
Je voudrais saisir cette opportunité pour rendre un hommage appuyé à notre peuple pour la maturité et la lucidité dont il a fait montre durant cette période sensible, à travers un comportement civique exemplaire. La retenue dont ont fait montre nos concitoyens et nos forces de police et de sécurité a permis de préserver le caractère pacifique des manifestations et constitue, assurément, un acquis civilisationnel dont notre pays ne peut que s’enorgueillir. A cet égard, il me plaît de souligner que si tout doit être fait pour que les droits fondamentaux et les libertés consacrés dans notre Constitution, notamment le droit de s’exprimer et le droit de manifester, soient pleinement respectés et protégés, il y a lieu de veiller, dans le même temps, à ce que l’exercice de ces droits puisse se faire dans le respect d’autrui et surtout dans le plein respect des lois de la République et que leur expression ne soient pas détournées à des fins attentatoires à la stabilité de notre pays et à son unité nationale.
Chères Concitoyennes, Chers concitoyens, Lors de mon dernier discours, j’avais fait appel à notre intelligence collective pour trouver ensemble les solutions qui nous permettraient de transcender collectivement les écueils de cette étape cruciale de notre Histoire et de construire les consensus nécessaires à la tenue d’une élection présidentielle répondant aux conditions d’objectivité, d’impartialité et de transparence. Cette élection, qui sera entourée des garanties requises, reste la seule solution démocratique viable et raisonnable et ma conviction profonde est que seul un président de la République, issu d’une élection incontestable, aura, en effet, toute la confiance et la légitimité nécessaires et toutes les prérogatives requises pour concrétiser l’aspiration profonde au changement, satisfaire l’ensemble des revendications populaires légitimes et entreprendre les réformes profondes dont le pays a crucialement besoin.
Il s’agit là d’une démarche rationnelle et de bon sens qui devrait emporter l’adhésion de tous nos concitoyens, dès lors qu’elle est la seule qui soit de nature à leur donner la parole pour qu’ils choisissent en toute souveraineté, liberté et transparence, la personnalité à qui ils souhaitent confier le mandat de conduire le changement et de mettre en place un nouveau système de gouvernance. C’est aussi la seule voie à même de leur permettre d’écarter les propositions hasardeuses, voire aventurières et de déjouer les dangers et les desseins hostiles visant à conduire le pays vers le vide constitutionnel et l’absence d’Etat et à l’entraîner ainsi dans la spirale de l’anarchie et la déstabilisation.
A cette fin et en vue d’épargner à notre pays ces périls, il est de notre devoir à tous de réunir les conditions et les modalités d’organisation, de contrôle et de supervision qui vont entourer ces élections dans toutes ces phases, à commencer par les phases de préparation et d’organisation jusqu’à l’annonce des résultats. Ces phases qui, nous en sommes conscients, sont souvent une source de préoccupation et de controverse, feront l’objet au cours de ce processus de dialogue, d’une attention particulière et minutieuse, et seront le résultat d’un large consensus avec la classe politique, les composantes de la société civile et les personnalités politiques nationales.
Afin de débattre de ces conditions et de ces modalités, je lance une fois de plus un appel à tous les acteurs politiques nationaux, à l’ensemble des composantes de la classe politique, aux personnalités patriotiques nationales, aux mouvances qui structurent la société civile et à tous ceux qui sont considérés comme exprimant les sentiments d’une frange de notre population, ou de ses élites, notamment les jeunes et les femmes, de se mobiliser pour la réalisation de cet objectif stratégique national, seul à même de mener notre pays vers des lendemains sûrs et prospères.
Je leur lance un appel pour s’engager dans le processus de dialogue national inclusif que l’Etat entend lancer dès à présent, pour débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle et, partant, apporter leur contribution à l’organisation du scrutin dans un climat d’entente et de sérénité. Ce dialogue est plus que nécessaire, parce que c’est la meilleure voie pour parvenir aux formules consensuelles nécessaires sur l’ensemble des questions en rapport avec l’élection présidentielle. Ce dialogue est urgent, parce que le pays doit recouvrer au plus vite sa normalité politique et institutionnelle, qui le mettrait en position de faire face aux incertitudes économiques et sociales et aux menaces qui pèsent sur notre sécurité nationale du fait d’un environnement extérieur particulièrement complexe.
Pour ces considérations et bien d’autres, il est devenu aujourd’hui nécessaire de mettre de côté les calculs marginaux et les exigences irréalistes qui sont de nature à prolonger la situation actuelle et d’entraîner notre pays dans une situation de vide constitutionnel, source d’incertitude et d’instabilité. Le processus de dialogue qui sera lancé incessamment, sera conduit et mené en toute liberté et en toute transparence par des Personnalités nationales crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane et sans ambition électorale. Des personnalités qui émergent du fait de leur autorité morale ou de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle, les rendant éligibles à l’accomplissement de cette noble mission et qui seraient de nature à les aider à conduire et à faciliter ce dialogue.
A cet égard et afin d’éviter toute interprétation et de dissiper tout malentendu, l’Etat dans toute ses composantes, y compris l’Institution militaire, ne sera pas partie prenante à ce dialogue et observera la plus stricte neutralité tout au long du déroulement de ce processus. Il se contentera de mettre tous les moyens matériels et logistiques à la disposition du Panel de personnalités, qui décidera lui-même des modalités de son fonctionnement. Sous la conduite de ce Panel, les participants au dialogue auront la liberté de discuter et de débattre des conditions à réunir pour garantir la crédibilité du scrutin et aborder l’ensemble des aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, y compris le déroulement du calendrier électoral, ainsi que les mécanismes de son contrôle et de sa supervision.
Ce dialogue doit revêtir le caractère le plus inclusif possible. Le Panel des personnalités pourra inviter toute partie qu’il estime utile à la conduite de sa mission et à la réalisation de son objet, notamment les partis politiques, la société civile, les organisations socioprofessionnelles, les personnalités nationales, y compris celles émanant du mouvement populaire, pour consigner leurs positions, avis et propositions. De même qu’il décidera du format de ces rencontres et discussions. Ce dialogue, qui devra nécessairement se concentrer sur l’unique objectif stratégique que constitue l’organisation de l’élection, élection qui devrait se tenir à une date la plus rapprochée possible, se déroulera de toute évidence dans le cadre de la Constitution qui impose la préservation de l’Etat, le respect des Institutions et la prévalence de l’intérêt supérieur de la Nation.
Dans cette optique, l’organe ou l’autorité électorale indépendante à mettre en place, qui aura pour mandat d’organiser et de contrôler le processus électoral dans toutes ses étapes, sera au centre des discussions. Il s’agira de débattre et d’arrêter la configuration de cette entité et de fixer ses missions et attributions, son mode d’organisation et de fonctionnement ainsi que sa composante, y compris, éventuellement, les personnalités consensuelles devant la diriger. Sachant qu’elle pourrait prendre en charge, les prérogatives de l’administration publique, en matière électorale, elle sera appelée à intervenir sur tout le territoire national et aura, en conséquence, des démembrements au niveau des wilayas, des communes et des circonscriptions électorales de notre communauté à l’étranger.
Elle aura à gérer son budget propre de fonctionnement ainsi que les autres crédits qui pourraient lui être alloués par l’Etat. La mise en place de cet organe nécessitera l’adoption d’une loi spécifique, ainsi que l’adaptation, en conséquence, du dispositif législatif et règlementaire, notamment la loi électorale, qu’il conviendra de réviser pour y introduire toutes les garanties, à même de faire en sorte que ce scrutin puisse répondre à toutes les exigences d’impartialité, de régularité et de transparence. Comme il sera également nécessaire d’examiner l’articulation entre cet organe qui sera créé et la Haute Instance Indépendante de Surveillance des Elections, prévue par la Constitution, dont il est possible de revoir la composition.
L’Etat fera en sorte que les recommandations et les textes issus du processus de dialogue soient pris en compte. De même qu’il fera en sorte que toutes les conditions matérielles et logistiques soient réunies pour permettre au dialogue de commencer au plutôt et de se dérouler dans un climat emprunt de calme et de sérénité. Chères concitoyennes, chers concitoyens, Comme il ressort de l’offre politique que je viens de vous présenter, l’Etat est déterminé à opérer le changement que vous appelez de vos voeux et met en place les conditions nécessaires pour une réalisation méthodique de cet objectif. Il vous appartient désormais aujourd’hui de vous appropriez cette offre pour la faire prévaloir.
Car en le faisant, vous faites prévaloir l’intérêt supérieur de la Nation qui est le dénominateur commun entre nous tous, sur les intérêts personnels ou partisans. Les défis auxquels nous faisons face interviennent dans une phase déterminante de l’avenir de notre pays, de nos enfants et des générations futures. L’Algérie est notre patrie à tous, il nous appartient de la défendre et d’oeuvrer à travers le dialogue à réunir les conditions à même de construire un avenir prometteur, un avenir dont rêvaient nos parents et aïeuls et pour lequel lutte aujourd’hui les générations futures avec audace, détermination et loyauté.
Mobilisons-nous tous pour défendre et protéger ce pays, et pour renforcer son unité, sa sécurité et sa stabilité et pour rester fidèles au serment fait à nos martyres et à la hauteur de leur héritage. Félicitations à notre Peuple pour ce glorieux jour. Gloire au Tout Puissant, Gloire au Pays, et Gloire à nos vaillants martyrs. Vive l’Algérie ».

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