C’est ce qu’a déclaré hier (jeudi) à Constantine le ministre de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, Abdelkader Bouazghi. « Les premiers lots de vaccins contre la peste des petits ruminants seront disponibles d’ici à la fin du mois de janvier », explique le ministre, en marge d’une rencontre sur la filière des céréales.
Contacté par interlignes, le chargé de la communication du ministère nous précise encore que les laboratoires de référence ont déterminé le sous-type et que les vaccins ne vont pas tarder. A la question de savoir à quel moment ils seront disponibles sur le terrain au niveau des vétérinaires et des éleveurs, notre interlocuteur affirme que « dès leur réception aux Services vétérinaires du MADRP, les vaccins seront livrés aux praticiens dans les heures qui suivent ».
Décimation
Au même moment, à 300 km, au sud-ouest, à Msila, l’une des régions les plus touchée par l’épidémie, des éleveurs ont protesté devant le siège de la Direction des services agricoles (DSA) pour réclamer le vaccin contre la PPR. Ils ont aussi déplacé les bêtes encore en vie et qui, selon eux, ne vont pas échapper à la décimation. Les agriculteurs déplorent également dans une déclaration à l’APS, le fait que « des vétérinaires se soient contentés de vacciner uniquement les troupeaux contaminés ». Ce qui n’est pas à exclure, nous explique un chercheur en médecine vétérinaire, car « le vaccin ne doit être administré qu’aux animaux encore sains et qui ont été scrupuleusement éloignés et isolés de leurs congénères infectés. Sinon c’est l’effet contraire qui va se produire. L’épidémie va se propager car des animaux porteurs d’infection seront considérés comme sains ».
400 millions de DA
Autre pratique qui favorise l’expansion de la maladie : les éleveurs qui cachent leurs animaux infectés et les incinèrent discrètement de peur de perdre tout leur troupeau par une décision administrative d’abattage. Le ministère a mobilisé un budget de 400 millions de DA pour vacciner les 22 millions d’ovins que compte le cheptel national. Opération ardue d’autant plus que l’élevage ovin se pratique surtout dans les zones steppiques qui concentrent 70% du cheptel. Ce sont des zones très vastes, éparses et très isolées. On aurait enregistré jusqu’ici un peu plus de 2000 ovins décimés par la PPR dans 13 wilayas : Oum El Bouaghi, Biskra, El Tarf, Bejaïa et Msila, Laghouat, Djelfa, Médéa, Saïda, Tiaret, Nama, Tlemcen et Oran.
Fièvre aphteuse
Des mesures ont été prises comme la fermeture des marchés à bestiaux pendant un mois, l’interdiction du déplacement des bêtes sauf pour les mener aux abattoirs pour protéger les animaux sains à la fois contre la PPR mais aussi contre la fièvre aphteuse, plus meurtrière, et qui touche également les bovins. Les premiers cas ont été signalés et confirmés à Tébessa en octobre.
Ce serait la première fois que la maladie est officiellement reconnue et déclarée en Algérie, mais en fait elle aurait déjà frappée, d’après le Soir d’Algérie du 21 septembre 2016, avec la restitution à son propriétaire d’un troupeau de 600 têtes venant du Maroc où elle s’est déclarée en 2008. Les services vétérinaires du MADRP regrettent que les instructions données aux éleveurs pour circonscrire la maladie soient contournées.
Propagation
Afin d’éviter la propagation de l’épizootie, les autorités ont ordonné la fermeture des marchés à bestiaux. Mais des marchés informels se sont propagés souvent à proximité même des premiers. Les services vétérinaires, impuissants, n’ont pu que constater qu’ils sont la cause de nombreuses pertes.