Pierre Audin, fils du militant pour la cause algérienne, Maurice Audin est décédé

Fils du célèbre mathématicien, assistant à l’Université d’Alger et militant pour la cause algérienne Maurice Audin, torturé et assassiné par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Pierre Audin est décédé, emporté par la maladie, le dimanche 28 mai, à l’âge de 66 ans.

© DR | Pierre Audin, décédé le dimanche 28 mai 2023

Alors qu’il n’était âgé que d’un mois ce fameux 11 juin 1957, quand des parachutistes tambourinent à la porte du domicile des Audin à Alger, militants du Parti communiste algérien.

« Quand est-ce qu’il va revenir ? » Demande Josette Audin, alors que son mari est enlevé par l’armée.

« S’il est raisonnable, il sera de retour dans une heure », lui répond un capitaine. « Occupe-toi des enfants », a le temps de lui lancer Maurice Audin.

Ce seront alors les derniers mots qu’ils échangeront. « Ma mère n’en parlait jamais. C’était son jardin secret, et on l’a respecté » avait confié Pierre Audin en 2017. « Il y avait son portrait partout, je me doutais que c’était un héros, mais je ne savais pas pourquoi. Un jour, je suis tombé sur un livre dans la bibliothèque, intitulé l’Affaire Audin. »

Toute sa vie, Pierre Audin, s’était battu avec opiniâtreté aux côtés de sa mère, Josette, décédée en février 2019, pour faire reconnaître la responsabilité de la France dans la mort de Maurice Audin.

Il était responsable au sein de l’association Josette-et-Maurice-Audin. En juin 2022, il avait assisté à l’inauguration du buste de son père à la place Audin à Alger, et avait exprimé sa fierté et son émotion d’être ainsi présent à la placette portant le nom de son géniteur.

Il aura fallu attendre l’année 2018 pour que, le chef de l’État français, Emmanuel Macron puisse reconnaître que Maurice Audin était « mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France », et demande pardon à Josette.

Né en Algérie en 1957, et naturalisé algérien le 25 août 2020 par décret du président de la République Abdelmadjid Tebboune, Pierre ne s’est jamais détaché de l’Algérie pour laquelle son père avait sacrifié sa vie.

« Je suis Algérien depuis près de 59 ans, j’ai demandé mes papiers il y a trois ans et demi et je viens de les obtenir », avait-t-il ainsi déclaré à l’annonce de sa naturalisation par décret présidentiel.

L’annonce de son décès a suscité un émoi sur la toile, plusieurs personnalités publiques, politiques ont tenu à lui rendre un dernier hommage, à l’instar de Dominique Sopo, président de l’association SOS Racisme, et également du député français Alexis Corbière.

 

 

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