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Présidentielle en Turquie : Erdogan part favori pour sa propre succession

Les 60 millions d'électeurs turques se rendent aux urnes, ce dimanche 28 mai 2023, pour le second tour de l'élection présidentielle qui permettra d'élire le nouveau président de la République. Recep Tayyip Erdogan, arrivé en tête au premier, part favori pour sa propre succession. En face de son rival, Kemal Kilicdaroglu, qui a obtenu 45% des suffrages au premier tour, fait figure d'outsider : malgré le soutien réitéré du HDP pro-kurde.
© DR | Les deux candidats arrivés en tête, Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kiliçdaroglu

Des files d’électeurs se sont formées avant même l’ouverture des bureaux à 8 h (5 h GMT) malgré la pluie qui s’abat, comme dans le quartier conservateur d’Usküdar sur la rive asiatique d’Istanbul où le chef de l’État a voté à la mi-journée, ont constaté les journalistes de l’AFP.

Dans le quartier résidentiel de Sisli, Özer Atayolu, ingénieur en retraite de 93 ans, est arrivé parmi les premiers : « J’arrive toujours en avance pour voter en premier parce que je crois en la démocratie et en ma responsabilité de citoyen », confie-t-il en glissant les yeux plissés de malice qu’il se sent « comme un enfant en fête ».

À Ankara, la capitale, Zerrin Alan, 55 ans, assure qu’elle était « tellement excitée (qu’elle) n’a pu dormir ». « J’espère que cette élection ne sera pas truquée », ajoute-t-elle.

Deux visions du pays, de la société et de la gouvernance s’offrent aux 60 millions d’électeurs de Turquie. La stabilité au risque de l’autocratie avec l’hyper-président sortant, islamo-conservateur de 69 ans ; ou le retour à une démocratie apaisée, selon ses termes, avec son adversaire, un ancien fonctionnaire de 74 ans.

Les 49,5 % de voix qu’Erdogan, ancien maire d’Istanbul et musulman dévot, a recueillies au premier tour le 14 mai ont témoigné du large soutien que lui accorde, malgré l’inflation, une majorité conservatrice. Y compris dans les zones dévastées par le séisme du 6 février qui a fait au moins 50 000 morts et trois millions de déplacés.

Face à lui, Kemal Kilicdaroglu, le « demokrat dede » – le papy démocrate – comme se présente cet économiste de formation aux cheveux blancs et fines lunettes, n’a pas su capitaliser sur la grave crise économique qui plombe les ménages turcs et la jeunesse. Président du CHP – le parti de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la république – il a promis le « retour du printemps » et du régime parlementaire, de l’indépendance de la justice et de la presse.

« Pour qu’une véritable démocratie et la liberté puissent advenir dans ce pays, pour se débarrasser d’un gouvernement autoritaire, j’invite tous les citoyens à voter », a lancé le candidat de l’opposition après avoir déposé son bulletin dans l’urne à Ankara, la capitale. Il a également appelé à rester près des urnes après la clôture des bureaux (à 17 h, 14 h GMT), « car cette élection s’est déroulée dans des conditions très difficiles », a-t-il dit.

« Toutes sortes de diffamations et de calomnies ont été proférées, mais je fais confiance au bon sens des citoyens. La démocratie viendra à coup sûr dans ce pays, la liberté viendra », a-t-il assuré à ses partisans qui, massés devant le bureau de vote, l’ont applaudi à sa sortie.

Le président sortant, Recep Tayyip Erdogan, donné favori de ce second tour inédit, a voté une poignée de secondes plus tard dans son quartier d’Usküdar, sur la rive asiatique d’Istanbul, accompagné de son épouse Emine et sous les yeux d’une foule importante.

« Aucun pays au monde ne connaît des taux de participation de 90%, la Turquie les a presque atteints. Je demande à mes concitoyens de venir voter sans faiblir », a déclaré le chef de l’État.

Mais Kilicdaroglu, avec 45 % de suffrages au premier tour, fait figure d’outsider : malgré le soutien réitéré du HDP pro-kurde, il est crédité dans les sondages de cinq points de retard sur le chef de l’État qui bénéficie déjà d’une majorité au parlement issue des législatives du 14 mai.

Atone après le premier tour, comme sidéré de n’avoir pas remporté la victoire que son camp pensait acquise, Kemal Kilicdaroglu a resurgi après quatre jours, plus offensif et moins souriant que l’humble « Monsieur tout le monde » de son début de campagne. Faute d’accès aux grands médias et surtout aux chaînes de télévision officielles, dédiées à la campagne du président, il a bataillé sur Twitter quand ses partisans tentaient de remobiliser les électeurs par du porte-à-porte dans les grandes villes.

En jeu, les 8,3 millions d’inscrits qui ne se sont pas déplacés le 14 mai – malgré un taux de participation de 87 %.

Face à cet homme discret d’obédience alévie – une branche de l’islam jugée hérétique par les sunnites ultra – Erdogan a multiplié les meetings, s’appuyant sur les transformations qu’il a su apporter au pays depuis son accession au pouvoir comme Premier ministre en 2003, puis comme président depuis 2014.

La date de ce second tour intervient, cependant dix ans jour pour jour après le début des grandes manifestations de « Gezi » qui, d’Istanbul, se sont répandues dans tout le pays. Première vague de contestation anti-Erdogan, elles avaient été sévèrement réprimées.

Avec AFP

 

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