L’ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche se manifeste enfin. C’était prévisible. Ayant habitué les algériens à faire son apparition à la veille de chaque rendez-vous électoral, l’homme, qualifié de « père des réformes politiques et économiques des années 1990 », a mis du temps cette fois-ci.
Certainement gêné par le flou du moment, il a dû, sans doute, faire des calculs avant de se décider. Ne voulant plus attendre la « fumée blanche » qui renseigne sur la trajectoire politique du pays, Mouloud Hamrouche tente de jeter un premier hameçon. Il fait signe, à qui du droit, qu’il est toujours prêt à reprendre du service si on accepterait de le coopter à la tête de l’Etat.
C’est du moins ce que l’ont peut comprendre de sa sortie d’aujourd’hui. Il a signé, en effet, une longue contribution dans le quotidien El Watan, où il n’a laissé apparaître aucune position par rapport à l’actualité nationale.
Dans ce texte, qui est un mélange de théorie et de constat sur l’Etat et le pouvoir, Mouloud Hamrouche ne prend aucune position, même entre les lignes, concernant les débats de l’heure : présidentielle, 5ème mandat du président Bouteflika et rôle de l’armée. Certes, il a tenté de donner des éclaircissements sur certaines notions et d’alerter sur des risques « qu’encourt le pays si des confusions persistent dans les rouages de l’Etat ».
A titre d’exemple, il y a cette déclaration : « Tout pouvoir de secte, d’ombre ou d’influence non identifiée qui échappe à tout contrôle est une menace traîtresse contre l’État et ces trois fondements : la liberté, l’indépendance et la souveraineté ». Sur l’armée, Mouloud Hamrouche soutient d’abord que celle-ci n’est « pas apolitique ».
Cooptation
Mais il précise qu’il est déconseillé d’impliquer l’armée dans le débat politique. « Des expériences et des études, y compris dans de vieux pays structurés socialement et démocratiquement, où l’armée avait servi de base un temps pour gouverner, ont démontré que cela nuit à sa mission et à sa finalité », écrit-il.
Celui qui, de l’avis de plusieurs observateurs, attendait une hypothétique cooptation de la part de l’armée, donne l’impression d’avoir changé d’avis. « L’État, à l’instar de l’armée, ne peut, du fait de sa nature et de la nature de ses missions, de son rôle et de sa finalité, structurer la société», dit-il.
L’ancien militaire craint que « l’engagement de l’armée dans la politique (…) brouille ses rapports avec la société, menace ses articulations et son organisation, affaiblit sa cohésion et sa discipline. Bien plus, cela force ses composantes, particulièrement le corps des officiers, à adhérer à des idéologies et à devenir partie prenante des conflits internes ».
Il est à rappeler que Mouloud Hamrouche s’est éclipsé de la scène depuis 2014. A la veille de la présidentielle, à l’époque, il avait animé plusieurs conférences dans plusieurs wilayas. Mais comme il n’a pas été choisi pour briguer un mandat à la tête de l’Etat, l’homme s’est mis en hibernation. Sa sortie d’aujourd’hui ressemble étrangement à celle de 2014…