Projet de loi de finances 2021 : des prévisions optimistes, des données pessimistes

© DR | Siège du ministère des Finances dont relève désormais l'Office nationale des statistiques (ONS)


Le projet de loi de finances (PLF 2021) est présenté, aujourd’hui, devant la commission des finances de l’APN. Le document exposé par la ministre chargée des relations avec le Parlement, Besma Azouar, en l’absence du ministre, Aymen Benabderrahmane, énumèrent une série de prévisions optimistes. Mais il fournit aussi des données pessimistes.


Ainsi, concernant les réserves de change, le PLF 2021 fait part d’une érosion en contenu des réserves de changes qui devraient baisser encore pour se situer, à la fin de l’année prochaine, à 46,84 milliards de dollars, au lieu de 52 milliards de dollars actuellement.

Cette baisse est toutefois optimiste, puisqu’elle ne porte que sur une dépense de près de 6 milliards de dollars. Et cela, selon le texte, grâce au recul du déficit de la balance des paiements à 6.3 milliards de dollars (contre 16.93 en 2019 et 12.3 en 2020).

Par ailleurs, les responsables du ministère des finances prévoient une hausse du niveau des réserves de change dès 2022, avec 47.53 mds et 50.02 mds en 2023, « grâce à une meilleure maîtrise des importations qui seront progressivement remplacées par la production nationale ».« Dans les trois exercices à venir, les importations et les exportations devrait suivre des courbes opposées, ce qui permettra d’améliorer les indicateurs financiers, selon le gouvernement », précise le document.

En effet, le projet table sur une baisse de 14.4 % de la valeur des importations dès 2021, pour se situer 28.21 milliards de dollars. La baisse devrait se poursuivre en 2022 (27.39 mds) et en 2023 (27.01 mds). Les exportations d’hydrocarbures, principale source de devises, devraient se situer à 23.21 mds usd en 2021, puis monter à 28.68 mds en 2022 avant de baisser à 26.45 mds en 2023, sur la base de la prévision d’un prix stable autour de 40 dollars le baril de pétrole algérien (Sahara blend).

Dépréciation du dinar

Contrairement aux dernières prévisions du FMI, le PLF 2021 prévoit aussi une reprise de la croissance dès le prochain exercice (+3.98%, +2.4% hors hydrocarbures), après une récession due à la crise sanitaire en 2020 (prévision de -4.6%). Pour la période 2021-2023, la moyenne de croissance prévue est de 4.0%.

En revanche, l’inflation devrait s’accélérer avec des taux de 4.5%, 4.05% et 4.72% en 2021, 2022 et 2023 respectivement. Le projet prévoit également la poursuite de la dépréciation de la monnaie nationale, le dinar, à un rythme de 5% par an. De ce fait, le dollar américain devrait valoir 156.78 dinars algériens en 2023 (149.31 en 2022 et 142.20 en 2021).

L’autre mesure phare de ce texte est celle concernant la maîtrise des dépenses. Pour ce faire, le PLF propose la fermeture de 38 fonds spéciaux. Ces fonds, explique-t-on, ont été créés pour « le financement d’opérations spécifiques et limitées dans le temps », mais sont devenus avec le temps un mécanisme permanent de financement, induisant une difficulté à maîtriser les dépenses publiques.

« La multiplication des comptes d’affectation spéciale a entraîné une mobilisation inefficace des ressources budgétaires », explique la ministre.

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