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Projet de loi sur l’immigration en France : Le comportement « néocolonial » de Paris

Attirer le personnel de santé qualifié est l’un des points principaux du projet de loi sur l'immigration proposé par le gouvernement français, fin décembre. Si beaucoup en hexagone ont applaudi cette mesure, d’autres estiment en revanche qu’elle est inacceptable. C’est du moins le cas d’importants professeurs en médecine et défenseurs des droits de l’Homme qui ont signé, ce week-end, une tribune publiée en France sous le titre : « ne privons pas l’Afrique de ses médecins ».

Parmi les propositions phares du projet de loi sur l’immigration, qui doit être présenté en janvier, la création d’une carte de séjour spéciale pour les professionnels de santé.

Cette mesure, qui vise à réduire les déserts médicaux en France, et plus généralement faire face à la pénurie de personnel dans les établissements de santé, à travers l’attraction de travailleurs qualifiés, coïncide avec le durcissement les mesures d’expulsion des étrangers.

L’article 7 dudit projet de loi prévoit que cette carte de séjour serait proposée aux professionnels et à leur famille, après autorisation de l’agence régionale de santé, « dès lors qu’ils sont recrutés par un établissement de santé public ou privé à but non lucratif ». La carte en question devrait avoir une validité de quatre ans en cas de réussite aux épreuves de vérification des connaissances.

Un comportement néocolonial

Il faut en outre savoir que pas moins de 5.000 médecins étrangers exercent actuellement en France, avec des statuts différents de leurs confrères français et surtout des revenus beaucoup plus faible. Une discrimination qui ne dit pas son nom.

Cité par Radio France Internationale (RFI), le professeur André Grimaldi, un des signataires de la tribune : « Ne privons pas l’Afrique de ses médecins », estime que « la France ne peut pas, une fois de plus, piller les compétences scientifiques et intellectuelles du continent africain » et appelle les autorités « à retirer ce projet de loi sur l’immigration ».

Le professeur Grimaldi n’hésite pas à dénoncer ce qu’il qualifie de « comportement néocolonial » de la France. « Dire on veut importer des médecins qui ont été formés au Sahel ou en Afrique subsaharienne, c’est incroyable ! Tout le monde avait l’air de croire, en France, qu’il est normal que l’on puisse accueillir des migrants, à condition qu’ils aient des compétences à apporter. Avec un statut spécial pour les médecins, pour les sages-femmes et donc puisqu’on en manque, on est prêt à les accueillir. C’est des gens qui ont été formés par leurs pays et qu’on veut récupérer en France, parce qu’on manque de médecins », explique le professeur Grimaldi, avant de poser la question de savoir « et leurs malades dans leurs pays, qui va les soigner ? ».

Le même intervenant de RFI explique que c’est une tentative de transférer les déserts médicaux français aux pays qui sont les anciennes colonies françaises. « C’est un comportement quasi-néocolonial », s’indigne le professeur qui explique qu’il y a des coopérations entre les gouvernements et les systèmes de santé pour former des gens, les aider pour la construction de leur système de santé.

Le signataire de la tribune dénonce, par ailleurs, le deux poids deux mesures : « Dire on va favoriser la venue en France des compétences, alors il faut accepter aussi les malades. Il faut que les malades qui viennent de ces pays-là, puissent être soignés en France, du moment qu’on prend leurs médecins. Si on prend le médecin, il faut prendre le malade ! ». Le professeur Grimaldi conclut en dénonçant un pillage digne de « l’époque coloniale ».

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