Propos de Tebboune niant l’existence des détenus d’opinion : Colère et indignation des militants des droits de l’Homme

Lors d’une entrevue avec les médias nationaux diffusée dimanche soir sur la télévision nationale, le Président Abdelmadjid Tebboune a affirmé qu' »il n’y avait aucun détenus d’opinion » en Algérie ajoutant qu »‘aucune constitution consacre les libertés individuelles et collectives autant que la notre ».

Répondant à la question du directeur du journal « La nouvelle République« , Abdelwahab Djekoun concernant « ceux qui s’attaquent au président de la République » en utilisant le dossier des détenus d’opinion, Abdelmadjid Tebboune a affirmé qu’« il n’y avait aucune personne en Algérie prisonnière pour ses opinions ».

Ces déclarations ont suscité la colère de beaucoup d’activistes et celle du collectif de la défense des détenus d’opinion. L’avocat Abdelghani Badi, membre dudit collectif, s’est dit « ne pas être étonné » puisqu’« aucun régime autoritaire qui réprime les libertés reconnait qu’il emprisonne des personnes pour leurs opinions ou positions politiques ».

Selon l’avocat, les détenus d’opinion « n’ont pas besoin d’être reconnus comme tels par qui que ce soit », pour lui « ce sont le contenu de leur dossier et les articles de loi par lesquels ils sont poursuivis, qui leur accordent le statut de détenus d’opinion« .

Le chef de l’Etat a ajouté lors de son passage que les personnes qu’on appelle détenus d’opinion « n’ont pas exprimé leurs idées » mais mais plutôt « insulté » en disant :« où est l’opinion ? Il n’y a aucune opinion dans l’injure et la diffamation ».

Répondant à cette accusation, maître Abdelghani Badi a estimé que « ce que le président qualifie d’insulte est en réalité la description de la réalité et la colère » affirmant que« la plupart des détenus n’ont pas dépassé les limites de la déontologie de l’opposition ».

« Ce sont des détenus politiques »

Partageant le même avis que celui de maître Abdelghani Badi, l’activiste et militant pour les droit humains, Zaki Hannache a assuré qu’actuellement « 204 prisonniers, dont 04 femmes », sont poursuivis pour des faits liés à leurs positions politiques et leurs idées. « Ce sont des prisonniers politiques », affirme-t-il ajoutant que « même la police judiciaire et dans les prisons on les surnomme « les détenus du Hirak », qu’est ce que cela veut dire ?« , s’interroge-t-il.

De son côté, l’avocat et membre du collectif de défense des détenus d’opinion, Said Zahi a commenté sur les propos d’Abdelmadjid Tebboune en disant que c’est « un discours dans lequel il y a une grande haine envers le mouvement populaire, pas uniquement les militants du hirak mais envers tous les Algériens qui vivent en dehors du JT de 20h00 d’Al-Yatima (appellation accordée à la chaine de la télévision nationale ndlr) ».

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