Rabah Karèche, 2 mois d’incarcération

Le journaliste et correspondant du journal Liberté a bouclé ses deux mois en détention provisoire à la prison de Tamanrasset. Il a été emprisonné suite à la publication d’un article de presse concernant le nouveau découpage administratif dans la région. Son procès n’a toujours pas été programmé.

En détention depuis le 19 avril, le journaliste est accusé de « création d’un compte électronique pour y publier des renseignements pour la promotion d’un programme d’idées, d’informations, dessin ou photo susceptibles de provoquer la discrimination et la haine dans la société”,“atteinte à l’intégrité du territoire national” et “propagation des informations ou nouvelles, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics” conformément à l’article 34 de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de haine et aux articles 79 et 196 bis du code pénal.

Le journaliste a été auditionné à quatre reprises par les services de sécurité de la wilaya au sujet d’articles de presse, publiés sur les colonnes du quotidien Liberté. Convoqué une nouvelle fois le 18 avril, le journaliste a été maintenu en garde à vue et placé en détention provisoire le lendemain par le juge d’instruction près le tribunal de Tamenrasset.

La chambre d’accusation près la Cour de Tamanrasset a confirmé le 27 avril dernier la mesure du mandat de dépôt contre le journaliste, rejetant ainsi l’appel introduit par ses avocats.

Sur la Toile, le portrait du journaliste incarcéré est quotidiennement publié par ses consœurs et confrères pour exprimer leur solidarité avec lui. Ils ont également organisé des actions de soutien et de protestation notamment devant le siège de son journal et à la place de la Liberté de la Presse au centre d’Alger.

Le président “viole » encore une fois, « la présomption d’innocence” d’un journaliste incarcéré

Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est exprimé sur le cas du journaliste incarcéré Rabèh Karèche le 2 juin dernier dans un entretien accordé au magazine français “Le point”. Abdelmadjid Tebboune a qualifié le journaliste “de pyromane”.

 « Il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible. Très grave », a affirmé le chef de l’Etat. Ainsi, le premier magistrat du pays avoue directement que le journaliste est en prison pour ses articles de presse liés au nouveau découpage administratif dans la région de Tamanrasset.

Cette déclaration a suscité l’indignation et la colère de ses avocats qui ont dénoncé une “violation de la présomption d’innocence” et une “tentative d’influencer la justice”.

« Qualifier le journaliste du quotidien Liberté, Rabèh Kareche, de pyromane et une condamnation anticipée, un piétinement de la présomption d’innocence et une influence flagrante sur les décisions de la Justice. Cela montre que l’interférence de l’exécutif dans le travail de la Justice est devenue publique”, avait écrit l’avocat Abdelghani Badi, membre du collectif de la défense des détenus d’opinion.

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