« 34 ans après la relative ouverture politique dans le sillage des événements d’octobre 88, le pays n’arrive toujours pas à concrétiser une avancée sur le plan de l’exercice démocratique et la garantie de l’effectivité des libertés fondamentales. Pire, jamais, les quelques acquis d’octobre 88, n’ont été aussi systématiquement remis en cause », condamne la formation présidée par Atmane Mazouz dans communiqué rendu public, ce vendredi, à l’issue de la réunion de son secrétariat national.
Le RCD qui a célébré en ce mois de février son 34ème anniversaire, dresse un tableau des plus dramatique de la situation des droits et libertés en Algérie. « Face à un régime préoccupé par sa survie, le pouvoir de fait est en passe de privatiser les institutions de l’Etat à travers des stratagèmes dangereux pour notre pays, en vue de leur instrumentalisation dans la répression et les dénis de droits », note le communiqué.
Et d’ajouter : « Militants politiques et associatifs, journalistes, hommes de culture, citoyens…, personne n’échappe à la machine répressive. Ainsi, les convocations aux brigades et commissariats, les intimidations contre les syndicalistes, les interdictions arbitraires de sortie du territoire, les arrestations et les emprisonnements sont la marque de la « nouvelle » Algérie », dénonce aussi le RCD.
Pour ce parti, « ces agissements, d’un autre âge, ne feront que fragiliser l’Etat et ses institutions et exposera davantage l’Algérie aux bouleversements géopolitiques en cours ». « Fidèle à son engagement, le Rassemblement considère que seule la souveraineté populaire, unique socle de légitimité, source de stabilité et force d’un État souverain est à même de de réaliser l’unité de notre peuple pour prémunir le pays des dangers extérieurs et assurer le développement et le progrès », lit-on dans le communiqué.
Selon la même source, « à cette fragilité institutionnelle traduite par les réactions de conjonctures et à consommation interne, s’ajoutent les errements d’un gouvernement sans cap ni projection, une loi de finance scélérate et des décisions intempestives et populistes qui accentuent la détresse des citoyens et plongent leur vie socio-économique dans une spirale infernale faite de pénuries, de flambées de prix des denrées alimentaires notamment de première nécessité, d’interdictions tout azimuts, de manipulations idéologiques et de matraquage médiatique des plus rétrograde ».
« Dans ce contexte, les maigres ajustements des salaires et pensions ne jouent qu’un rôle d’effet d’annonce. Elles sont loin d’un rattrapage du pouvoir d’achat largement érodé par une inflation due, en grande partie, aux orientations de ce gouvernement », souligne le RCD.
Dans sa stratégie de mettre au pas la société à travers le musèlement des libertés, rappelle la même source, le pouvoir actionne ses appareils contre les libertés individuelles et collectives, la dissolution opaque de la LADDH et les projets de loi sur le financement des organisations, les syndicats et, bientôt les partis politiques en sont une illustration.
« Déjà en œuvre, le projet de loi sur les syndicats et le droit de grève est contesté même par le syndicat maison, l’UGTA. Il prévoit la mise à mort du syndicalisme et de la revendication socioprofessionnelle. La gestion et la communication dans le conflit des postiers renseignent sur le traitement futur des revendications des travailleurs. Ce projet légalise l’arbitraire et vide des structures syndicales toute contestation des politiques des pouvoirs publics ! Ces attaques orchestrées et ciblées contre les organisations ainsi que le vide créé sur la scène politique, sacrifiant même ses relais politiques traditionnels, témoignent de la volonté du pouvoir de mettre fin définitivement à tous les contres pouvoirs garants d’un bon fonctionnement démocratique et l’instauration d’un système politique érigé sur la menace, l’abus, la répression et l’emprisonnement », indique la même source.
Ce faisant, le RCD appelle au retrait du projet de loi et exhorte les syndicats à une large consultation pour pouvoir constituer un front contre la caporalisation des syndicats et le droit de toutes les catégories sociales à s’organiser pour la défense de leurs intérêts et de l’outil de travail ainsi que de l’économie nationale. Poursuivant, le parti « estime qu’une autre alternative à l’autoritarisme et à la démobilisation des forces vives du pays est possible. Elle passe par l’arrêt de la répression, la libération des détenus d’opinion et l’organisation d’un débat le plus large pour mettre fin à la descente aux enfers des couches sociales les plus fragiles et jeter les bases d’une transition démocratique apaisée ».