Réchauffement climatique : les risques, les vulnérabilités et les réponses à apporter

La délégation de l’Union européenne (UE) en Algérie a organisé, aujourd’hui, jeudi 22 juin 2023, au niveau de l’Algerian Learning Centers (ALC), à Alger, une journée d’étude relative au réchauffement climatique et la problématique de l’eau. Plusieurs spécialistes, algériens et étrangers, sont intervenus pour évoquer les risques encourus surtout dans la région méditerranéenne, mais aussi les solutions à apporter. L’expert Samir Grimes a mis en évidence la nécessité de « développer la culture du risque au niveau sociétal ».  
© DR | Le réchauffement climatique présente des risque sur la biodiversité

Le « réchauffement climatique » est une réalité. Au fil du temps, les températures ont évolué de 1,59° (hors océan) en l’espace d’un siècle, a indiqué la directrice de l’institut de géographie et d’aménagement du territoire de l’Université de Cracovie (Pologne), Anita Bokwa, qui a intervenu, aujourd’hui, par visioconférence, lors d’un séminaire organisé par la délégation de l’Union européenne (UE) en Algérie relatif au réchauffement climatique et à la problématique de l’eau, et ce, en présence de l’ambassadeur Thomas Eckert, chef de la Délégation de l’Union européenne en Algérie. La chercheuse a indiqué, pour ce qui est de la région méditerranéenne, que « les températures saisonnières ont augmenté depuis les années quatre-vingt, tout comme pour la durée des périodes à fortes chaleurs ». En termes de prévisions, celle-ci a affirmé que « la région méditerranéenne est vulnérable face au risque de sécheresse, avec des périodes de chaleurs plus longues ».

L’expert algérien Samir Grimes, professeur à l’École nationale supérieure des sciences de la mer et de l’aménagement du littoral (ENSSMAL), s’est concentré, quant à lui, sur l’ « adaptation » et les « réponses » à apporter face aux vulnérabilités liées aux changements climatiques. « Pour discerner la nature des catastrophes, il est essentiel d’apprécier la manière dont les systèmes humains placent les personnes en situation de risque les unes par rapport aux autres et par rapport à leur environnement », a-t-il déclaré.

Il est question, d’après lui, d’ « adapter les réponses », notamment en optant, par exemple, pour certains procédés d’irrigation ou en développant davantage la récupération des eaux usées. Le pays est à moins de 10% pour ce qui est de la réutilisation des eaux usées, alors que l’objectif est d’arriver à 30% à l’horizon 2030, a-t-il indiqué.

Pour Samir Grimes, afin de réduire la vulnérabilité, « il faut développer la culture du risque au niveau sociétal », tout comme « décisionnel », et à tous les niveaux, en mettant en place par exemple, les « cahiers de charge adéquats » pour ce qui est des constructions, agriculture… Par ailleurs, a-t-il ajouté, les collectivités locales, qui « auront plus de prérogatives à la faveur des prochains codes, de wilaya et de la commune », devront jouer un plus grand rôle sur ce plan-là, même si, a-t-il indiqué, il y a déjà « les plans d’aménagements de wilaya » et le « plan d’aménagement côtier », qui sont prennent en considération ces aspects.

Le Professeur Hartani Tarik, directeur de l’Ecole nationale supérieure d’agronomie (ENSA) s’est exprimé, quant à lui, sur les répercussions des changements climatiques, notamment de la hausse des températures et des sécheresses, sur l’agriculture.

Tout en précisant que pour l’heure, les rapports des organismes onusiens ou internationaux ne classent pas l’Algérie parmi les pays faisant face à un problème de sécurité alimentaire, mais à une « menace sur la sécurité alimentaire », il a mis en relief des prévisions faites sur certaines régions du pays par rapport au stress hydrique. A l’horizon 2040 par exemple, il y a un « risque de sécheresse sur la plupart des régions cultivées ». Néanmoins, certaines réponses peuvent être anticipées. D’après lui, « les simulations ont conclu qu’en avançant la période des semis de blé, il serait envisageable de produire une même quantité avec moins d’eau ». Entre autres réponses à apporter, a-t-il ajouté, « rééquilibrer le régime alimentaire » ou « développer le partenariat (échanges commerciaux) avec les pays voisins pour s’assurer une autosuffisance ». Hartani a indiqué, également, qu’il est nécessaire, par exemple, de « planter énormément d’arbres pour retenir plus d’eau ».

En sommes, certaines démarches ou mesures, qui sont à portée des algériens, pour peu qu’elles soient intégrées dans une stratégie globale, peuvent contribuer à faire face aux vulnérabilités liées au réchauffement climatique, avec tout ce qu’il implique comme répercussions dont la raréfaction de l’eau.