Le vote, jeudi dernier, par le parlement européen (PE) d’une résolution sur «la liberté des médias et la liberté d’expression en Algérie, le cas du journaliste Ihsane El-Kadi » n’est évidemment pas passé inaperçu. Ces dernières 48 heures, les réactions de dénonciation se sont multipliées.
A cet effet, en plus des institutions nationales (APN, Conseil de la Nation, Conseil de la jeunesse…) et de quelques partis politiques, des instances régionales ou continentales ont réagi pour « dénoncer » ce qu’ils considèrent être une « ingérence » dans les affaires internes de l’Algérie.
La première réaction est venue de l’agence officielle qui a estimé, le même jour, que « le Parlement européen a voté ce jeudi, une résolution qui ajoute une couche sombre à sa crédibilité déjà bien entachée par les scandales de corruption qui ont touché plusieurs de ses députés », signalant que « le parlement européen a enterré le projet de résolution sur la situation des journalistes au Maroc, notamment Omar Radi, invoquant malicieusement un vice de procédure tiré par les cheveux ».
Pour l’APS, « cette résolution qui émane apparemment des parlementaires du parti du président français Emmanuel Macron, pose encore plus de questions sur cette démarche et sur les relations que souhaite construire cette tendance politique avec l’Algérie ».
Le même jour également, les deux chambres du parlement ont réagi au vote de la résolution. « Nous avons pris connaissance avec une profonde indignation le vote de la résolution du Parlement européen sur la liberté d’expression et de la presse en Algérie », a indiqué l’Assemblée populaire nationale (APN), précisant que le document reprenait des éléments « totalement infondés, erronés, et loin de la vérité sur la situation en Algérie où la scène médiatique connaît une dynamique, une ouverture et une liberté ». De son côté, le Conseil de la nation, qui a qualifié la résolution d’ « ingérence », a exprimé son « rejet » et sa « désapprobation ». Il y voit une résolution « tronquée contenant de terribles erreurs, adossée et enveloppée de principes de droit international, qui en réalité ne sont qu’une couverture ».
Le Conseil supérieur de la jeunesse (CSJ) et l’Observatoire national de la société civile (ONSC) ont, pour leurs parts, considéré la résolution du PE comme une « immixtion flagrante dans les affaires intérieures de l’Algérie ». Selon eux, elle comporte de « fausses allégations qui dénotent une volonté inavouée de ternir l’image de l’Algérie », comme indiqué par l’ONSC. L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a quant à elle rappelé les dernières affaires liées à la corruption dans lesquelles sont impliqués des responsables du PE.
Du côté de la classe politique, le FLN a exprimé sa « sa profonde indignation », par rapport au contenu de la résolution qui, d’après ce parti, « reprend des éléments totalement infondés, erronés, et loin de la vérité sur la réalité du processus politique en Algérie et l’ouverture du domaine des libertés, de l’activité associative et syndicale, de la scène médiatique et des droits ». Le Front El Mostaqbal l’a qualifié, quant à lui, « d’ingérence dans les affaires internes d’un Etat indépendant et pleinement souverain », alors que le Rassemblement national démocratique (RND) y voit une « attitude hostile » d’une institution européenne « dont la neutralité, objectivité et probité sont remises en cause ».
Les parlements, panafricain, arabe et islamique, soutiennent l’Algérie
Pour ce qui est des réactions des instances régionales dont l’Algérie est membre, le parlement panafricain a rejeté « toute ingérence dans les affaires internes de l’Algérie et de l’ensemble des pays africains ». De même pour le parlement arabe qui l’a qualifié de « ingérence flagrante et inacceptable dans les affaires internes de l’Algérie et d’impair inadmissible que le Parlement européen ne cesse de commettre en continuant à publier des communiqués similaires sur les droits de l’homme dans les pays arabes ». L’Union des conseils des états membres dans l’Organisation de la coopération islamique (OCI), dont la présidence est assurée par l’Algérie actuellement, a appelé, par la voix de son secrétaire général, Mohamed Korichi Niass, le Parlement européen, à « respecter la souveraineté de l’Algérie et de tous les pays membres de l’Union ».
Il est à rappeler, en dernier lieu, que dans cette résolution sur « la liberté des médias et la liberté d’expression en Algérie, le cas du journaliste Ihsane El-Kadi », adoptée par 536 voix pour, 4 voix contre et 18 abstentions, le PE a demandé « aux autorités algériennes la libération immédiate et inconditionnelle d’Ihsane El-Kadi et de toutes les personnes détenues et inculpées arbitrairement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression ».