Les critiques du projet de la révision constitutionnelle qui sera soumis à référendum, le 1er novembre prochain, se multiplient. Des acteurs de l’opposition, toujours interdit de parole dans les médias publics, ont choisi de s’exprimer sur les réseaux sociaux. C’est le cas de l’ancien président du RCD, Saïd Sadi qui donne, depuis plus d’une année, ses réflexions sur sa page Facebook.
Dans un texte publié aujourd’hui sous le titre « Régression : mode d’emploi », cette homme politique chevronné n’est pas allé par le dos de la cuillère pour charger le pouvoir en place et sont projet de révision de la Constitution. Un texte qui, estime-t-il, « digne des folklores constitutionnels des républiques bananières ». «On ne sait trop s’il faut rire, s’emporter ou rester de marbre devant la dernière – pour l’instant – constitution. Le pays qui en a vu d’autres n’a pas encore connu de loi fondamentale aussi incohérente.
L’hyperprésidentialisme est digne des folklores constitutionnels des républiques bananières et la confusion des pouvoirs constituent la trame et l’esprit d’un texte qui n’aura qu’une finalité : paralyser davantage une administration incapable de curer les caniveaux à chaque automne », écrit-il.
Et de s’interroger : « Quel courtisan a conseillé pareille mouture dans une phase politique marquée par un déficit chronique de légitimité du pouvoir, une situation sociale explosive – les retraités peinent à percevoir leurs pensions à la fin du mois – une pandémie dont, en vérité, nul ne connaît l’étendue devant l’incapacité à tester, tracer et isoler sur une large échelle ? ».
Saïd Sadi précise que « nul n’a le droit de s’adonner à l’autostop politique pour faire endosser au premier novembre cette mauvaise farce ». « Le potentiel humain a été dévitalisé par le népotisme et l’exode massif, les ressources naturelles ont été asséchées par une prédation stratégique. Il restait le capital symbolique : il vient d’être bradé dans un scandaleux bazar », dénonce-t-il.
L’ancien président du RCD démontre comment le nouveau pouvoir reproduit les mêmes pratiques de son prédécesseur. « Pour le reste, les dernières décisions concrètes sont édifiantes en matière d’inconscience et d’aveuglement : les relances de recrutement de clientèles financées par l’argent public témoignent de l’incapacité et du refus du pouvoir de mettre son horloge politique à l’heure de l’Histoire. Une information insistante et ubuesque, pour l’instant non officielle circule : c’est au moment où le Soudan se dote d’une constitution laïque que le gouvernement algérien s’apprêterait à délivrer des diplômes pour les adeptes des Zaouias… Fabriques d’associations casse-croûtes, dopages des zaouias… Quelqu’un s’y est essayé pendant vingt ans avec un baril à 130 dollars. On connaît la suite », indique-t-il.
Ce faisant, le pouvoir en place est entrain de « scier la branche sur laquelle il est assis ». « Au lieu de saisir la perche du pacifisme tendue par un peuple qui avait toutes les raisons de crier revanche, les responsables se persuadent qu’ils peuvent encore domestiquer « l’Algérie nouvelle » par les recettes médiévales de la corruption, la répression et la censure. Rien ne peut arrêter la régression quand elle est inspirée par l’ignorance et la suffisance », lance-t-il.