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Scolarisation des enfants de migrants à Tamanrasset : entre satisfecit et mécontentement

Dans les régions du sud du pays, la scolarisations des enfants subsahariens est un sujet délicat. À Tamanrasset, les parents de ces enfants en situation régulières arrivent à scolariser leurs enfants, mais après un parcours de combattant.
© DR | École primaire en Algérie

Ce qui fut un rêve, s’est enfin réalisé pour Ibrahim. Drapé de sa blouse bleue-claire, ce môme aux frêles épaules puériles pourra enfin rejoindre les bancs de l’école et se faire de nouveaux amis. D’origine  nigérienne, Ibrahim est comblé de joie. La validation de son inscription l’a visiblement marquée, lui qui songe déjà à devenir  médecin pour servir ses compatriotes. « Je vais me consacrer aux études pour se dépêtrer du guêpier dans lequel nous vivons. Je vais aussi aider mes parents qui se sont beaucoup sacrifiés pour nous ».  Âgé d’à peine 7 ans, Ibrahime  pense adulte.

L’école de la vie a remarquablement forgé la personnalité infantile de se subsaharien qui affiche un optimisme déconcertant face à la situation de ces nombreux migrants qui abandonnent l’école dès leur jeune âge. Né d’une mère algérienne et d’un père nigérien, le petit métis se décide à relever le défi. « Rendez-vous dans quelques années », nous lance-t-il en présence de son géniteur. «Personnellement, je suis très content pour mon fils. Il a eu la chance de s’inscrire dans une école publique pendant que plusieurs enfants de son âge sont livrés à eux-mêmes. Le sésame s’ouvre enfin pour Ibrahim. On doit se taper la cloche », nous dit son père.

père furieux

Ce dernier lance un appel: « L’Etat Algérien nous a donné la chance de scolariser nos enfants. De nombreuses procédures ont été effectivement mises en place pour mieux prendre en charge nos enfants dans des écoles publiques. Il faut donc saisir cette opportunité».

Sidou(*), d’origine malienne n’est pas du même avis. L’inscription de ses deux enfants âgés de 6 et 7 ans n’a toujours pas eu lieu, bien qu’il ait déposé le dossier nécessaire auprès du consulat général du Mali en Algérie. Le père furieux fustige les scribouillards qui seraient à l’origine des retards pénalisant la scolarisation de sa marmaille. « Mes enfants s’impatientent à rejoindre l’école. Mais ils doivent apparemment prendre leur mal en patience, puisqu’on n’a toujours pas eu la réponse du consul. A quelques jours des vacances d’automne, mes enfants ne sont toujours pas inscrits » s’indigne-t-il.

Pour savoir les véritables raisons de ces retards, nous avons essayé de joindre le Consul général du Mali en Algérie. Cependant, ce dernier refuse de communiquer pour des raisons inavouées. De son côté, la direction de l’éducation de Tamanrasset a tenu à préciser d’emblée que l’inscription des enfants issus de familles migrantes en situation régulière en Algérie se déroule sans encombre. « On veille à l’application rigoureuse de la réglementation régissant la scolarité des étrangers en résidence légale à Tamanrasset, particulièrement concernant les pays avec lesquels nous entretenons de bonnes relations de bon voisinage, à savoir le Niger et le Mali » a indiqué la directrice de l’éducation, Sektou Bousbéat.

Cursus scolaire dans leur pays d’origine

La même source précise que « l’Etat a toujours honoré ses engagements de prendre en charge les enfants de migrants réguliers en leur ouvrant grand les portes des écoles publiques. Ceux qui sont inscrits officiellement sur la plate forme numérique mise en place par le secteur de l’éducation nationale bénéficient du même traitement et des mêmes avantages accordés aux nationaux», en rappelant que les dossiers d’inscription sont traités en coordination avec le consulat compétent et la direction de la réglementation et des affaires générales (DRAG) de la wilaya.

Selon les statistiques en notre possession, quelques 186 enfants étrangers sont scolarisés dans les écoles de Tamanrasset (92 maliens, 80 nigériens et 14 libyens). D’après les mêmes statistiques 82 migrants sont inscrits au primaire, 100 à l’enseignement moyen et seulement 4 au lycée. « Les chiffres ne sont pas définitifs, puisque la listes des nouveaux inscrits n’est toujours pas envoyée par les services compétents» affirme Mme Sektou.

Pour ce qui est du faible taux enregistré au palier secondaire, la directrice précise au passage que la majorité des lycéens issus de familles migrantes quittent les établissements pour poursuivre leur cursus scolaire dans leur pays d’origine ou pour carrément abandonner les études.

(*) Le nom a été modifié pour protéger notre source.

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