Syrie: Al-Charaa trouve un accord avec les Kurdes pour intégrer leurs institutions autonomes à l’État

En Syrie, un compromis a été trouvé, lundi 10 mars, entre le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, pour intégrer à l'État central les institutions autonomes kurdes du nord-est du pays.
© AP | Le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa (à droite), et Mazloum Abdi, le leader des FDS dominées par les Kurdes, lors de la signature de l'accord prévoyant l'intégration des institutions autonomes kurdes à l'Etat syrien

L’accord a été signé par le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, pour une application prévue d’ici à la fin de l’année, il prévoit « l’intégration de toutes les institutions civiles et militaires du nord-est de la Syrie au sein de l’administration de l’Etat syrien, y compris les postes-frontières, l’aéroport ainsi que les champs pétroliers et gaziers », selon un communiqué publié par la présidence syrienne signé par les deux parties.

Il intervient alors que la Syrie a connu ces derniers jours dans l’ouest du pays ses pires violences depuis la chute de l’ancien président Bachar el-Assad en décembre.

Ces violences menacent la stabilité d’un pays engagé dans une transition déjà fragile alors que le président par intérim cherche à asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire syrien.

La présidence syrienne a publié lundi un communiqué signé par les deux parties, précisant que l’accord prévoit « l’intégration de toutes les institutions civiles et militaires du nord-est de la Syrie au sein de l’administration de l’Etat syrien, y compris les postes-frontières, l’aéroport ainsi que les champs pétroliers et gaziers. »

L’accord affirme également que « la communauté kurde est une composante essentielle de l’Etat syrien », qui « garantit son droit à la citoyenneté et l’ensemble de ses droits constitutionnels », tout en rejetant « les appels à la division, les discours de haine et les tentatives de semer la discorde entre les différentes composantes de la société syrienne. »

Il stipule aussi « le soutien à l’Etat syrien dans sa lutte contre les résidus du régime Assad et toutes les menaces pesant sur sa sécurité et son unité. »

Marginalisés

« Nous sommes déterminés à construire un avenir meilleur qui garantisse les droits de tous les Syriens » et « nous considérons cet accord comme une véritable opportunité de construire une nouvelle Syrie qui comprenne toutes ses composantes et assure une bonne cohabitation », s’est félicité le chef des FDS Mazloum Abdi sur X.

Dans un communiqué, le gouvernement saoudien a salué l’accord, se félicitant des « mesures prises par les dirigeants syriens pour préserver la paix civile » et des « efforts déployés pour achever le processus de mise en place d’institutions de l’Etat de manière à assurer la sécurité et la stabilité ».

Marginalisés et réprimés sous le régime de la famille Assad, les Kurdes ont été privés, pendant des décennies, du droit de parler leur langue, de célébrer leurs fêtes et, pour un grand nombre d’entre eux, de la nationalité syrienne.

Pendant la guerre civile déclenchée en 2011, ils ont mis en place une administration autonome dans le nord-est du pays, avec leurs propres institutions éducatives, sociales et militaires.

Depuis l’arrivée en décembre des nouvelles autorités à Damas, les Kurdes ont manifesté une certaine ouverture, voyant une occasion pour construire une nouvelle Syrie qui garantisse les droits de tous les Syriens.

Toutefois, ils ont été exclus d’une conférence de dialogue national sur les grandes lignes de la transition.

L’accord intervient près de deux semaines après un appel historique du leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc), Abdullah Öcalan, à la dissolution du parti et à l’abandon de la lutte armée. Cet appel a été salué par les Kurdes de Syrie.

La Turquie, alliée des nouvelles autorités de Damas, accusait les Unités de protection du peuple (YPG), la principale composante des FDS, d’être affiliées au PKK, classé comme organisation « terroriste » par Ankara, mais aussi la Suède, l’Union européenne ou les Etats-Unis.

Avec AFP

AD-300-X-250