Le Conseil de sécurité de l’ONU était réuni à huis clos à New York pour discuter d’une trêve humanitaire d’un mois réclamée par les représentants d’agences de l’ONU selon lesquelles plus de 13 millions de personnes ont besoin d’aide pour survivre. Hostiles au régime de Bachar al-Assad, les Etats-Unis ont dit « soutenir » l’appel à une trêve en affirmant que les attaques contre les civils « doivent cesser immédiatement ». En revanche, la Russie, qui soutient militairement le régime syrien, a jugé par la bouche de son ambassadeur à l’ONU Vassily Nebenzia qu’une telle trêve n’était « pas réaliste ».
Entretemps, les civils continuent de payer un lourd tribut dans cette guerre déclenchée le 15 mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques avant de se complexifier avec l’implication de puissances étrangères et de groupes jihadistes. Depuis lundi, 226 civils dont 58 enfants ont péri dans le déluge de feu déversé par le régime sur la Ghouta orientale, proche de Damas, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Des centaines d’autres ont été blessés alors que secouristes et médecins sont débordés. Jeudi, 73 civils ont péri sous les bombes de l’armée de l’air qui ont par ailleurs provoqué d’énormes destructions, a précisé l’ONG.

Digne du Moyen-Age!
Selon des témoins, la situation est catastrophique dans la Ghouta orientale, alors que le conflit a fait depuis son déclenchement le 15 mars 2011 plus de 340.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes. « Il s’agit des quatre pires journées qu’ait connues la Ghouta orientale » depuis le début de la guerre en 2011, a déclaré à l’AFP Hamza, un médecin qui traitait des blessés dans une clinique d’Arbine. « La Ghouta n’a jamais été la cible de bombardements aussi intensifs ». Il a décrit des enfants en état de choc transportés à la clinique et qui, malgré leurs blessures, ne pleuraient même pas. « Comme médecin, la chose la plus difficile est de devoir secourir vos proches, vos collègues et vos voisins », a-t-il lâché.
A Jisrine, des bombes sont tombées près d’une école, sur un marché et près d’une mosquée, selon un correspondant de l’AFP sur place. Des secouristes ont ensuite accouru pour sortir trois enfants et une femme des décombres. « Les enfants sont affamés, bombardés et piégés. Le siège signifie qu’ils n’ont nul part pour fuir », a dit Sonia Khush, responsable de Save the Children pour la Syrie. « Il faut arrêter immédiatement les combats et lever le siège ». « La Ghouta orientale connaît un siège digne du Moyen Age, c’est totalement inacceptable », a dit l’ambassadeur français à l’ONU François Delattre. « Nous sommes maintenant de retour aux heures les plus sombres du conflit (…) ». Selon l’agence officielle Sana, deux civils ont péri à Damas, bastion du régime, dans des tirs d’obus, dans une apparente riposte des rebelles.
100 combattants prorégime tués
Ces combats, parmi les plus meurtriers entre les deux camps, ont eu lieu sur fond de tensions croissantes entre le régime syrien et les Etats-Unis qui l’accuse de recourir aux armes chimiques. Deux offensives distinctes contre les derniers combattants du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie ont lieu à Deir Ezzor: l’une menée par les forces du régime et leurs alliés et l’autre par les FDS aidées de la coalition. Enfin, la Turquie, dont l’armée mène une offensive dans le nord syrien frontalier contre une force kurde qualifiée de « terroriste », a annoncé qu’elle allait accueillir à une date non précisée un sommet avec la Russie et l’Iran, un autre allié du régime syrien.