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Tamanrasset : une rentrée scolaire qui s’annonce tendue

A quelques jours seulement de la rentrée scolaire, prévue le 19 septembre prochain, un bras de fer est engagé entre le directeur de l’éducation (DE) de la wilaya de Tamanrasset, Haroun Belaid, et nombre de cadres de son secteur, dont des directeurs d’établissements et un inspecteur administratif des écoles primaires. Ces derniers ont décidé ainsi de faire appel à la justice pour faire valoir leurs droits et remettre à l’ordre le DE.
© DR | Haroun Belaid, directeur de l'éducation de Tamanrasset

Le Directeur de l’éducation (DE) de la wilaya de Tamanrasset aurait accusé trois cadres de son secteur, un inspecteur administratif des écoles primaires, une directrice d’une école primaire et une autre directrice à la retraite, de louer leurs maisons pendant l’été à des « proxénètes » pour « les transformer en lieu de débauche ». Le plus grave, ajoutent nos sources avec stupéfaction, c’est que ces accusations ont été proférées lors d’une rencontre officielle avec des inspecteurs et les directeurs d’établissements relevant de cette wilaya du Grand sud. Le directeur se serait même permis « d’invectiver » les accusés en se fiant à « un rapport sécuritaire » impliquant plusieurs plaignants parmi les voisins des mis en cause. Aussi étrange que cela puisse paraître, ces mêmes voisins ont pour la majorité d’entre eux démenti ces allégations qu’ils qualifient de « graves ».

Pour s’en laver les mains, ils (9 sur 11 occupants des logements de fonctions appartenant au secteur de l’éducation à la cité de Tafsit, au chef-lieu de Tamanrasset) ont décidé de signer une pétition et de saisir le procureur de la République près le tribunal de Tamanrasset  afin de dénoncer cet  anonyme qui a eu l’audace de parler à leur nom et qui a fait une publication sur la page faceboock des « enseignants 11 tous les paliers » ou l’on pouvait lire « nous, voisins occupant les logements de fonction de la cité de Tafsit et collègues du secteur » dénonçons « (…) ceux (une directrice d’une école primaire, un inspecteur administratif chargé des primaires et une retraitée du secteur de l’éducation) qui ont loué leurs logements  à des individus d’autres wilayas, mal éduqués et discourtois. Des filles, des soirées et des voitures 4×4 arrivant en milieu de la nuit ! Vous nous avez privé de sommeil ». Au terme de cette publication qui a, faut-il le signaler, été retirée peu après sa mise en ligne, une mise en garde a été adressée à la direction de l’éducation la pressant d’intervenir. « Malheureusement, le directeur s’est montré novice et arpète en se laissant piéger par une publication qui ne repose sur aucun fait avéré », regrette notre source, affirmant que cette affaire qui s’apparente à un véritable scandale est entre les mains de la justice locale et sera bientôt sur le bureau du ministre de tutelle pour démasquer les véritables saboteurs de ce secteur à Tamanrasset à l’orée d’une rentrée sociale sur laquelle veillent les hautes autorités du pays. « La vérité finira par triompher », rappelle le directeur d’un établissement moyen en invitant ces collègues à rester soudés pour faire face aux intimidations qui ciblent la stabilité de ce secteur névralgique mais surtout pour bannir toutes formes d’autoritarisme et d’arbitraire dont sont victimes certains employés et cadres de l’éducation nationale à Tamanrasset.

« Pressions » sur les directeurs des établissements scolaires

Une information qu’on vient de confirmer auprès d’une autre source, document à l’appui,  laquelle a fait part d’abus d’autorité exercé sur un directeur d’une école primaire qui n’a de tort que de dénoncer une agression dont il était victime.  Alors qu’il était en plein préparatifs visant la réussite de la reprise des écoliers, le directeur en question a été surpris par une commission d’inspection diligentée par la DE pour refus d’obtempérer aux instructions de sa tutelle liées à la passation de consignes avec le nouveau directeur venant le remplacer. Le hic, c’est que le directeur en question, ne dispose d’aucun acte ni d’une quelconque pièce administrative en mesure de conforter le motif de l’inspection. Suite à l’intervention du président de la commission, la direction s’est rendue compte de la bourde commise et dépêche illico presto un missionnaire pour notifier une décision de mutation anti datée au directeur. Et c’est là que les membres de la commission ont compris les dessous de cette magouille et exaction dont est victime ce chef d’établissement qui a été muté dans une école primaire à 15 km du chef-lieu communal, laquelle se trouverait dans état lamentable. Face à cette avanie qui cible en premier lieu la stabilité des établissements scolaires en cette période sensible, le directeur a saisi le tribunal administratif pour abus d’autorité et violation de la loi 06-03, portant statut général de la fonction publique. Il faut rappeler que ce même directeur avait été agressé par son adjoint l’année dernière. L’affaire a pris des tournures gravissimes et le prévenu a fini par être condamné à deux mois de prison avec sursis assorti d’une amende de 250 mille DA. L’adjoint concerné a été même transféré par l’ancienne directrice de l’éducation en attendant sa comparution devant le conseil de discipline pour faute professionnelle du 4e degré. « A l’arrivée de l’actuel directeur, l’adjoint condamné a été réhabilité dans ses droits et réintégré dans son établissement d’origine sans lui infliger aucune sanction édictée par la loi en vigueur, tandis que le directeur victime, lui, il a été muté pour nécessité de service dans l’établissement géré par son successeur. Il se voit ainsi remplacer par un directeur qui, lui aussi, a été muté pour nécessité de service. Un micmac à n’y rien comprendre ! », peste notre source en arborant plusieurs documents attestant ses propos, mais aussi le retard accusé dans l’acheminement des manuels scolaires vers certains établissements.

Le directeur de l’éducation apporte sa version des faits

Pour avoir sa version des faits, nous nous sommes rapprochés, ce mardi 12 septembre, du directeur de l’éducation de la wilaya de Tamanrasset, Haroun Belaid, qui a d’emblée tenu à faire rappeler que ses portes sont grandes ouvertes à la critique objective. En présence de son SG, du responsable chargé de la formation et de celui des contentieux, le DE a expliqué qu’il a mis en garde certains cadres sans les citer nommément des préjudices causés au secteur ainsi qu’à sa réputation en louant illégalement des logements de fonction à des personnes qui peuvent les exploiter à d’autres fins. Belaid dément formellement les allégations faisant état d’invectives et d’injures prononcées lors d’une rencontre officielle. Pour ce qui est du directeur muté arbitrairement, le même responsable affirme « avoir un dossier disciplinaire épais contre le concerné et que celui-ci a été transféré pour nécessité de service en application de l’article 25 du décret exécutif 08-315 ». Quant à la réintégration de l’adjoint condamné par la justice pour coups et blessures volontaires, notre interlocuteur explique que « cette procédure a également été prise pour nécessité de service puisque le directeur n’était pas en mesure d’assumer ses responsabilités eu égards aux dépassements dans lesquels il est impliqué ». Revenant à la question relative au retard dans l’acheminement des manuels, le DE de Tamanrasset affirme que tous les établissements sont dotés de manuels scolaires. « Certes, on avait une seule école qui n’avait pas reçu son quota parce que son directeur était absent, mais le problème a été vite résolu » a-t-il conclu.  Contacté, le directeur mis en cause affirme à « Interlignes » que son absence est imputée à la direction qui n’a pas jugé opportun de lui notifier sa décision de mutation pendant qu’il exerçait normalement dans son établissement d’origine où il a accompli tous les préparatifs liés à la rentrée scolaire.

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