Alors que le président français Emmanuel Macron arrive ce jeudi en Algérie pour une visite officielle, le débat sur les questions de la mémoire commune refait surface, du coté des deux rives. Un passé auquel se heurte, à chaque fois, la relation entre Alger et Pari, empêchant les deux peuples de regarder vers de meilleurs horizons.
Les jeunes, par contre, ont une autre approche basée sur la lecture des pages de l’histoire pour avancer dans une relation apaisée. Ecouter ces jeunes et permettre leur rencontre, est l’appel qu’a adressé l’association SOS Racisme dans une lettre ouverte co-signée par des militants algériens, aux deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune.
«Vouloir relancer la relation bilatérale et poursuivre le travail d’apaisement des mémoires nécessite de s’appuyer sur les jeunesses algérienne et française», lit-on dans la lettre ouverte publiée jeudi matin dans le magazine Jeuneafrique. SOS Racisme est les cosignataires, dont Abdelouhab Fersaoui et Hakim Addad de RAJ, Pierre Audin ainsi qu’Amina Cheballah, membre de l’association féministe Tharwa N’Fadhma N’Soumer, appellent les deux chefs d’Etat à «faire le pari des générations qui sont peut-être les premières à avoir les clés du dépassement du passé traumatique qui lie nos deux pays».
Reconnaissant la « très brutale conquête coloniale de l’Algérie par la France », ils rappellent que chaque visite d’un président français en Algérie lie de façon quasi systématique la relation bilatérale et la question mémorielle. «Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ? », s’intérogent-il, avant de répondre par le fait que «le travail n’a pas été totalement abouti » et que «les mémoires peinent encore à être mises en dialogue et l’histoire reste trop méconnue ou trop peu reconnue en matière de violences ».
Mais, aujourd’hui, «nous ne sommes plus le 5 juillet 1962 », écrit SOS Racisme, attirant l’attention de Tebboune et de Macron sur l’existence de «jeunes femmes et hommes qui vivent en France et en Algérie », «générations pour lesquelles l’avenir ne peut être ni celui d’une confrontation, ni celui d’une réconciliation ».
A Macron et à Tebboune de « savoir écouter » ces jeunesses telles qu’elles se présentent au monde, «loin de la répression dont les jeunes hirakistes furent victimes en Algérie et loin de la volonté, péché très jupitérien, de faire porter par des jeunes des axes préalablement définis à l’Élysée», assène l’association. Et d’appeler à «faciliter concrètement la rencontre entre les jeunesses des deux pays».
En d’autres termes, «si nous pouvions interpeller les chefs d’État algérien et français, nous leur lancerions : ‘’Laissez les jeunes de vos pays se rencontrer ! Laissez-leur inventer une nouvelle relation !’’».
Enfin, pour relever ce défi, les signataires de la lettre proposent aux deux présidents « la création d’un Office franco-algérien (ou algéro-français) pour la jeunesse », basé sur le modèle de l’Office franco-allemand pour la jeunesse. Cet organisme pourra mener des actions pour «développer et faciliter les échanges entre établissements », «renforcer les programmes scolaires sur l’histoire de la colonisation » et «faciliter l’accès aux archives ». Il travaillera aussi pour «organiser des rencontres régulières de jeunes et d’acteurs de la société civile », «financer des projets éducatifs, sociaux et culturels » et «soutenir des projets de lutte contre le racisme ».
Tebboune et Macron écouteront-ils ce SOS d’un groupe de jeunes des deux pays et qui, probabelement, reflète le cri de toute la jeunesse algérienne et française réunie ?