UA : Attaf exprime les appréhensions de l’Algérie par rapport au système de rotation pour la présidence de la Commission africaine

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, a exprimé, vendredi 15 mars 2024 à Addis-Abeba, en Ethiopie, les appréhensions de l'Algérie par rapport au système de rotation régionale pour les élections des hauts responsables de la Commission de l'Union africaine (UA).
© DR | Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, lors de la session extraordinaire du Conseil exécutif de l'UA, samedi 15 mars 2024 à Addis-Abeba, en Ethiopie

Prenant part à la session extraordinaire du Conseil exécutif de l’UA, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a fait savoir que « la position de l’Algérie sur le dossier en cours d’examen concernant les élections des hauts responsables de la Commission africaine, est fondée sur trois convictions fondamentales, dont l’adoption d’une approche sélective à grande échelle entre les cinq régions ».

Pour la première conviction, a-t-il indiqué, le processus de sélection et d’élection des hauts responsables de l’organisation continentale « n’a jamais rencontré de problème majeur ». Un processus de sélection et d’élection, et c’est la deuxième conviction, qui « a toujours fait prévaloir le principe du libre choix, de la pluralité de candidatures et de la concurrence loyale entre les enfants du continent ».

Pour ce qui est de la troisième conviction, Attaf a indiqué que « ce processus de sélection et d’élection a toujours consacré l’approche intégrative » de l’organisation continentale, une approche « qui a mené les pères fondateurs à placer, de manière spontanée et successive, leur confiance en des personnalités appartenant à la même région voire au même pays ».

Partant de ces convictions profondes, poursuit-il,  l’Algérie a appelé à « l’adoption d’une approche sélective à grande échelle entre les cinq régions, fondée avant tout sur le critère de la compétence et de la qualification pour diriger l’organe exécutif de notre organisation, lequel offre réellement la possibilité de choisir entre des visions, des projets et des programmes ».

Et préciser qu’il s’agit d’ « une approche favorisant la concurrence en vue d’avoir le meilleur et pour que l’accession des hauts responsables à la tête de la Commission africaine soit le fruit d’une acceptation majoritaire par nos pays, et non celui des diktats d’une région particulière ».

« Tout en prenant connaissance d’une orientation vers la mise en œuvre du principe de rotation régionale pour les postes de président de la commission et de vice-président, notre hésitation à apporter notre plein soutien à cette orientation se justifie par trois appréhensions ou préoccupations majeures », a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Les trois appréhensions de l’Algérie

Plus explicite, M. Attaf estime que la première appréhension consiste à « limiter la décision et le droit de candidature à une région donnée, ce qui pourrait se transformer en un diktat imposé par cette même région à l’organisation tout entière, ou encore en une source de tiraillements et de tensions au sein de la région devant présenter des candidatures et des contre-candidatures ».

Evoquant la 2e appréhension, le ministre a affirmé qu’il s’agissait de « l’adoption d’une formule sévère pour la mise en œuvre du principe de rotation régionale qui nous mènera à supprimer et à nier un autre principe tout aussi important, à savoir le principe de pluralité de choix et l’ouverture de la concurrence aux différents visions, projets et programmes ambitieux au service de l’organisation continentale, sans toutefois la limiter à l’une des régions du continent ».

Pour la dernière appréhension, M. Attaf, a déclaré : « accorder la priorité au principe de rotation régionale pourrait mener à un empiètement sur les prérogatives de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement dans la sélection et l’élection des meilleurs candidats pour la direction de notre organisation ».

Ceci, poursuit-il, pourrait avoir pour conséquence, « une direction qui manque de légitimité, d’autant que cette direction sera considérée comme un choix d’une région et non celui de tout le continent ».

« Nous avons jugé utile d’afficher ces appréhensions et ces hésitations, par souci de sincérité et de franchise. Cependant et avec le consensus qui couronnera nos délibérations, nous nous emploierons, tout en étant sincères et fidèles, de concert avec tous nos frères, à la valorisation de ce consensus, en vue d’optimiser la performance de la direction de notre union et la promouvoir aux plus hauts niveaux d’efficience et d’efficacité, au service de notre projet historique d’unité », a conclu M. Attaf.

Avec APS

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