Un Comité composé de cinq ministres inflige des amendes aux patrons, selon la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA). Dans une longue lettre adressée au Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, la présidente de cette organisation patronale, Saida Neghza, a évoqué la situation socioéconomique du pays, qui se traduit, selon les termes de la lettre, par » un marasme économique et un climat des affaires souffrant du manque de confiance et, une surenchère presque généralisée des prix ».
Celle-ci a cité, entre autres problématiques, l’existence d’un comité composé de cinq ministres qui inflige des amendes aux patrons.
« Je reçois des doléances récurrentes de la part d’hommes d’affaires qui se plaignent de persécutions et de pressions diverses de la part des différents représentants de l’État. D’autres se plaignent au sujet d’amendes infligées par un comité formé de cinq ministres, sans même avoir le droit d’ accéder à leurs dossiers, des amendes qui dépassent pour certains le montant des actifs de leurs sociétés et qu’ils ne pourront pas payer », dit-elle dans cette lettre.
Selon Neghza, « il aurait été préférable d’étudier chaque dossier séparément et, si nécessaire, de faire actionner la justice ». « Le droit de défense étant un droit garanti par la constitution à tout citoyen », a-t-elle ajouté, avant d’enchaîner : « .Lorsqu’un homme d’affaires est convoqué devant un comité dont fait partie le ministre de la Justice, il se retrouve désarmé et sans aucune protection, sinon à quel saint se vouer ? ».
» Pourquoi ne pas aborder ce dossier d’une manière plus rationnelle, une manière qui tienne compte de l’intérêt général, en préservant le tissu industriel national et la main-d’œuvre, et en optant plutôt à la reconversion des amendes exigées, en obligation de lancement de projets d’investissements productifs dans leurs domaines d’activités respectifs, tel que l’agriculture, l’industrie et les services ? », a encore estimé la présidente de la CGEA.
La CGEA réclame une commission d’enquête au sujet des licences d’importation
Celle-ci a évoqué, dans ce courrier, une autre problématique liée à la « non convertibilité du dinar » et des patrons ayant acquis des biens à l’étranger. « Tout homme d’affaires qui a fait des profits aspire à posséder des biens en Algérie et à l’étranger, comme c’est le cas pour tous les hommes d’affaires du monde entier, mais la loi algérienne ne permet pas ceci », a-t-elle indiqué, en posant la question relative au traitement « rationnel » de cette question. « Est-ce en mettant en faillite les opérateurs concernés, en vendant ou en fermant leurs usines et en mettant des milliers de travailleurs au chômage ? », a-t-elle lancé.
En dernier lieu, Saida Neghza a évoqué le problème lié aux importations, notamment de la matière première. « Actuellement, nous constatons des prix élevés et une rareté des produits en raison des restrictions d’ALGEX et d’autres autorisations exigées telles les autorisations techniques délivrées par le ministère de l’Agriculture et les attestations de régulation délivrées par le Ministère de l’industrie et de la production pharmaceutique, dont nous ne savons pas comment ils procèdent et selon quels critères elles sont délivrées », a-t-elle déclaré, exprimant son souhait pour « plus de transparence » et « la création d’une commission d’enquête chargée de déterminer comment sont délivrées les licences d’importation et les quotas, dont bénéficient certains et pas d’autres ».