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Visas pour la France : La crise des visas est-elle vraiment terminée ?

Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, avait, lors d’une récente visite effectuée à Alger du 16 au 18 décembre 2022, annoncé la fin de la crise des visas en vigueur depuis septembre 2021. Mais qu’en est-il vraiment ?
© DR | suspension du traitement des demandes de Visa pour la France
Crédit photo:DR

En septembre 2021, la France avait décidé, unilatéralement et par « décision souveraine » d’opérer une restriction sur la délivrance de visas pour les trois pays du Maghreb. Ainsi, l’Algérie, tout comme le Maroc ont vu leur quota réduit de moitié alors que la Tunisie a subi une réduction de 30%. Cette mesure avait pour objectif d’inciter les trois pays nord africains à « faire des en matière de coopération et de lutte contre l’immigration illégale », notamment à travers la délivrance de laissez-passer consulaires pour leurs ressortissants en situation irrégulière en hexagone.

Cette forme de « pression » n’a finalement pas eu les effets escomptés et a même provoqué une crise diplomatique entre Alger et Paris. L’ambassadeur algérien en France a été rappelé pour consultation et les deux pays ont connu une grave crise diplomatique. Mais les relations ont commencé à se réchauffer quelques semaines avant la visite d’Etat du président français Emmanuel Macron, puis celle de la Première ministre Elizabeth Born et enfin le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Profitant de sa visite, mi-officielle mi-privée, le « premier flic de France », a annoncé la fin des restrictions sur les visas. Une annonce bien accueillie par les dizaines de milliers de demandeurs de visas Schengen algériens.

Un mois après cette annonce et plus de 5 semaines après son « entrée en vigueur », où en est-on vraiment ? L’entrée effective de cette levée des restrictions est quasi-impossible à vérifier, en l’absence de certains éléments ; à commencer par des chiffres et des statistiques de la part de l’ambassade de France en Algérie ou les trois consulats généraux de France à Annaba, Alger et Oran. Mais certains éléments permettent toutefois d’analyser la situation.

Un trafic ô combien lucratif !

Les rendez-vous de dépôt de demandes de visas auprès des deux prestataires de services, TLS Contact pour Annaba et Oran et VFS Global pour Alger, ont été, à l’image de la délivrance de visas, drastiquement réduits pendant la crise. Les rendez-vous ont été tellement réduits, que cela a poussé le centre TLS Contact d’Annaba de travailler uniquement 3 jours par semaine. Une situation qui a provoqué une crise des rendez-vous chez le prestataire de service. Cette « pénurie des rendez-vous », comme toute autre forme de pénurie, a donné naissance à une nouvelle forme de trafic géré par la « mafia des officines ». Des agences de voyages et des cybercafés transformés en véritable plaque tournante de la prise de rendez-vous, moyennant des sommes d’argent importantes. Cette mafia pouvait, contrairement aux simples demandeurs de visa, se procurer des rendez-vous « à volonté ».

Un trafic qui avait poussé, à maintes reprises, les services de TLS Contact à diffuser des communiqués pour mettre en garde contre ce genre de pratiques. Le dernier communiqué en date du prestataire de services indique d’abord que TLS Contact est le seul prestataire officiel choisi par la France pour recueillir les demandes de visa des personnes souhaitant se rendre à l’Hexagone. La même publication met en garde contre certains prestataires de services qui usent de « pratiques frauduleuses ». TLS Contact qui « condamne fermement » ces pratiques appelle les Algériens qui souhaitent prendre un rendez-vous, à le faire eux même sans passer par aucun intermédiaire.

Les mises en garde de TLS Contact

« Attention : la prise de rendez-vous et la constitution du dossier de demandes de visas engagent la responsabilité des demandeurs de visas qui doivent impérativement fournir les informations requises sur leur situation personnelle conformément aux indications disponibles sur le site France Visas. TLScontact n’acceptera aucun dossier comportant des coordonnées qui ne sont pas celles du demandeur (adresse électronique et numéro de téléphone). Les données saisies sur le formulaire de France visa et sur la demande de TLS doivent être strictement conformes à celles du passeport. Dans le cas contraire (nom, prénom, date de naissance et numéro du passeport divergents), la demande ne pourra pas être déposée », peut-on entre autres lire sur le communiqué de TLS Contact.

Certains citoyens, dans l’urgence et face à la rupture des rendez-vous de dépôt de demande de visa, n’hésitent pas à se payer jusqu’à 35.000 dinars pour ce service, supposé être gratuit.

« Rien n’a changé ! »

Tout le monde s’attendait à ce que la fin de la crise des visas soit accompagnée de la disponibilité des rendez-vous de dépôt du dossier. Mais rien ne semble avoir changé. Il est très difficile, voire quasi-impossible d’arriver à trouver un rendez-vous auprès des prestataires de services TLS Contact. « Rien n’a changé ! J’essaie d’avoir un rendez-vous depuis plus de 3 mois, sans y arriver. Avec l’annonce de fin de la crise des visas on s’attendait à ce que la situation revienne à la normale. Mais le blocage persiste, plus d’un mois après la fin de cette crise. On se demande même s’il ne s’agit pas uniquement d’un effet d’annonce », nous confie Ilyes, un jeune cadre d’une entreprise publique basée à Annaba.

Ilyes n’est pas le seul à rencontrer des difficultés pour l’obtention d’un rendez-vous de demande de visa. Ils sont des milliers, voire des dizaines de milliers à être dans la même situation. Tous, ou presque, se demandent si la crise des visa est réellement terminée ou s’il ne s’agissait pas d’un simple effet d’annonce destinée à la consommation médiatique.

« Il n’y aura pas de grands changements », nous avaient indiqué des sources proches de l’ambassade de France en Algérie, quelques jours après ladite annonce de Darmanin.

Pour obtenir une véritable réponse, les statistiques de l’ambassade de France en Algérie sont plus qu’indispensables. Dans l’attente des chiffres de M. François Goyette, les Algériens sont en droit de douter de la véracité de l’annonce de M. Darmanin.

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