Le chef de l’État l’a chargé « de former un gouvernement », selon un communiqué de l’Élysée. Le désormais ex-ministre de l’Éducation va succéder à Élisabeth Borne, contrainte lundi à la démission après vingt mois passés à la tête du gouvernement.
L’Élysée a tardé à confirmer cette nomination, initialement prévue lundi, alimentant de nombreuses spéculations. Y a-t-il eu des résistances internes – notamment ? Reste à savoir si le remaniement sera d’ampleur. Plusieurs proches du président appellent à resserrer l’équipe gouvernementale qui compte aujourd’hui 39 membres.
Le deuxième quinquennat Macron est englué dans les difficultés : sans majorité à l’Assemblée depuis 2022, confronté à la montée du Rassemblement national, le président peine à donner du souffle à son mandat.
L’adoption dans la douleur de l’impopulaire réforme des retraites, et plus récemment d’une loi immigration soutenue par l’extrême droite qui a divisé la majorité présidentielle, ont aussi laissé des traces.
La nomination de Gabriel Attal, macroniste de la première heure, offre des garanties aux tenants du « dépassement » du traditionnel clivage droite-gauche.
Son nom est remonté en haut de la liste lundi pour Matignon alors que deux favoris, fidèles macronistes, tenaient jusque-là la corde : le discret ministre des Armées Sébastien Lecornu, 37 ans, venu de la droite, et l’ancien ministre de l’Agriculture, parti dans le privé Julien Denormandie, 43 ans.
Entré par la petite porte au secrétariat à la Jeunesse, Gabriel Attal a connu une ascension fulgurante : porte-parole du gouvernement, ministre du Budget, il hérite de l’Éducation nationale en juillet, où il interdit l’abaya à l’école au nom de la « laïcité » et se dit prêt à expérimenter le port de l’uniforme.
Avant de connaître le prochain locataire de Matignon, la gauche avait été unanime mardi à réclamer un vote de confiance du Parlement « comme dans toutes les démocraties », même si socialistes et communistes n’ont pas brandi, comme les Insoumis, la menace d’une motion de censure.
L’opposition n’a pas tardé bien entendu à réagir. Jean-Luc Mélenchon, de France Insoumise, a estimé que Gabriel Attal retrouvait «son poste de porte-parole».
«La fonction de premier ministre disparaît. Le monarque présidentiel gouverne seul avec sa cour. Malheur aux peuples dont les princes sont des enfants», a-t-il écrit sur X.
Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale a écrit : «Emmanuel Macron succède à Emmanuel Macron, un avatar du macronisme remplace l’autre».
« En nommant Gabriel Attal à Matignon, Emmanuel Macron veut se raccrocher à sa popularité sondagière pour atténuer la douleur d’une interminable fin de règne. Il risque plutôt d’emporter dans sa chute l’éphémère ministre de l’Éducation nationale… », a déclaré, pour sa part, Jordan Bardella du Rassemblement National (droite).
Avec AFP