Affaire Khalida Toumi: Ses avocats adressent une lettre à Tebboune

Dans une lettre adressée au chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune, et publiée hier dimanche 4 octobre, les avocats de Khalida Toumi dénoncent des «violations d’une extrême gravité», d’une «détention illégale» et demandent à ce qu’on lui octroi son «droit à la liberté».

« Une détention illégale »

Emprisonnée, depuis le 4 novembre 2019, l’ex-ministre de la Culture, Khalida Toumi, fait l’objet «d’une détention illégale» depuis le 4 juillet dernier. Dans une lettre adressée à Abdelmadjid Tebboune, ses avocats ont réclamé l’application de l’article 125 du code de procédure pénale et appellé à sa libération.

Autrefois, ministre de la culture de 2002 jusqu’a 2014 sous le règne du président déchu Abdelaziz Bouteflika, Khalida Toumi est accusée aujourd’hui de “dilapidation volontaire de deniers publics”, “attribution volontaire d’avantages injustifiés lors de passation de marchés publics” et “abus de fonction en accomplissant un acte en violation de la loi et des  règlements” dans le cadre de l’organisation des manifestations “le Festival panafricain en 2009” et  “Tlemcen, capitale de la culture islamique en 2011”. 

Dans la lettre datant du 29 août et rendu publique dimanche par le quotidien francophone Liberté, les avocats estime qu’il « est regrettable que le conseiller instructeur de la Cour suprême ait agi en violation de l’article 125 du code de procédure pénale. Il aurait dû gérer et clôturer le dossier dans les délais prescrits ».

Composé de Fatiha Chellouch, Miloud Brahimi, Boudjemaa Ghechir, et Anouar Tassabasset, le collectif fait état de «violations d’une extrême gravité», et interpelle le Président pour lui «garantir» son «droit à la liberté», tout en expliquant que cette intervention «ne saurait en aucun cas être interprétée comme une interférence dans le fonctionnement de la justice», parce qu’elle ne «touche ni le fond de l’instruction ni les accusations», mais «concerne uniquement le respect de la loi et la concrétisation de la crédibilité des actes de l’administration de la justice».

Le collectif de défense de Khalida Toumi tente d’éclaircir , au mieux, sa démarche :  “Nous  sollicitons  votre  intervention  pour  garantir  son  droit  à la libération et dénoncent ainsi une campagne de rumeurs contre Mme Toumi véhiculées par les réseaux sociaux et la presse, à laquelle même une autorité y a contribué ».

En effet, le collectif de défense demande au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, de considérer le contexte et les circonstances sociales et politiques de l’époque.

“Vous n’ignoriez sans doute pas monsieur le Président que les manifestations d’Alger, capitale de la culture arabe, le Festival panafricain et Tlemcen, capitale de la culture islamique ne sont pas des événements ordinaires et que les aspects politiques, de propagande de l’image de marque de l’État sont prédominants. En conséquence, les voies et moyens de réalisation et concrétisation de ces éléments diffèrent de la gestion ordinaire”, soulignent-ils.

« Le dossier de Khalida Toumi est vide de toute accusation »

Pour les avocats, “le dossier de Khalida Toumi est vide de toute accusation, de détournement, de corruption, d’enrichissement illicite ou d’octroi d’avantages au profit des parents ».

«La détention ne peut excéder les huit mois, tel que prévu par l’article 125 du code de procédure pénale, qui stipule qu’en matière délictuelle, la détention provisoire ne peut excéder 4 mois, et s’il s’avère nécessaire de maintenir l’inculpé en détention, le juge d’instruction peut, après avis motivé du procureur de la République, la prolonger par ordonnance motivée une seule fois pour quatre autres mois« , expliquent les avocats.

« Le magistrat est allé jusqu’à ordonner un renouvellement de la détention pour une période de quatre mois (…) et le plus étonnant, est que la chambre d’accusation a validé cette ordonnance par un arrêt en date du 8 juillet 2020», dénoncent les avocats.

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